Où étiez-vous?

par Lagaffe

 

Et voila, la France se retrouve sous la menace d’une grève des routiers, le pays paralysé, la population en agonie, se mourrant de faim devant des radiateurs froids, le combat sera rude mais nous gagnerons car notre combat est légitime (enfin je pense), nous allons être augmentés parce que le patronat va plier, nous serons riches et nous irons nous dorer sur des plages paradisiaques pendant les congés...

Bon on ne va pas en arriver là parce qu’il n’y a pas beaucoup de monde pour bloquer les routes et que pour une grande partie de la profession, les priorités sont ailleurs dans la sauvegarde du peu de travail qu’il reste pour les français par exemple.


Allons-y  dans le combat inutile et contre productif qui va encore nous faire bien voir de la population, vous me direz qu’elle ne nous aime déjà pas beaucoup alors… Mais moi je ne suis pas solidaire de vos revendications d’arrière garde, vu que ma vision de ce travail ne sera jamais la votre que j’aime les destinations lointaines alors que des sédentaires permanents syndicaux ne s’imaginent pas rentrer après 17 h le vendredi  et que je ne connais pas de syndicaliste grand baladeur.

Vous ne représentez pas grand monde dans une profession individualiste mais, si vous étiez un peu plus à l’écoute de nos vrais problèmes vous auriez certainement plus de monde dans vos rangs au lieu de ne représenter que vous-même.


Moi qui rêvais de grandes destinations, je vois se restreindre le périmètre de mes promenades et les embauches se faire de plus en plus rares alors que le transport routier est en pleine expansion mais pas avec des routiers français malheureusement même si nous sommes mieux lotis que nos voisins belges ou allemands qui deviennent une espèce rare et je sais que l’augmentation de salaire est déjà prévue et qu’elle sera compensée par l’embauche d’encore plus de bulgares ou de roumains vu que le polonais devient hors de prix. Mais là-dessus je ne vous entends pas comme sur le reste de mes préoccupations.

Je me souviens des grèves pour le permis à points, de cet organe syndicaliste qui trouvait plus judicieux de faire l’essai du dernier Mescanvoldaf Space Top Mega Super 500cv avec tout plein d’options, le genre de camion que les chauffeurs de grosses boite ne pouvaient qu’apercevoir sur des parkings pendant qu’ils ramaient dans des G Manager sans Webasto, mais je ne me souviens pas avoir vu de délégué de ce syndicat sur les barrages, ma mémoire me joue peut être des tours.
D’autres syndicat se sont engouffrés dans la brèche laissée ouverte par ces corporatistes mais les questions essentielles ne sont toujours pas posées et pendant qu’on se bat pour une augmentation qui ne va pas enrichir la cohorte des routiers au chômage, j’ai envie de poser mes questions à moi en n’attendant pas de réponse bien sur.


Où êtes vous ?
Quand on se retrouve pris en otage dans des centrales d’achats qui nous méprisent et ne respectent pas les horaires de rendez vous...
Où êtes vous ?
Quand les flics qui nous rackettent pour la moindre peccadille refusent d’assurer notre sécurité sur les parkings d’autoroute.
Où étiez vous ?
Quand la nouvelle RSE est arrivée nous obligeant à faire des contorsions incroyables au mépris de la sécurité pour être dans ces fameuses amplitudes.
Où étiez vous ?
Quand les gros transporteurs (SNCF en tête) ont commencé à licencier du français pour importer du pas cher vite remplacé par du encore moins cher.
Où êtes vous ?
Quand un routier qui vient de se taper des heures de route puis des heures d’attente se retrouve à manier le Transpal dans la centrale du hard discounteur alors que la loi précise que le déchargement n’est pas à la charge du routier.
Où êtes vous ?
Quand on nous stocke sur le bord des routes sans rien à manger ni à boire (je ne parle même pas de l’hygiène la plus élémentaire) parce qu’il y a deux flocons de neige à 200 kms. La SPA se mobilise pou des animaux mais vous… Rien.
Où étiez vous ?
Quand nous étions au côté de nos petits patrons pour lutter contre l’écotaxe et le dumping social.

Je vous le redis, votre combat n’est pas le mien, vos revendications sont peut être intéressantes mais je sais que dans ma boite de 4 chauffeurs la priorité c’est de survivre parce que si mon patron coule, je rejoindrai la cohorte des « ex » routiers et je pourrai me poser sur le bord de la rocade admirer le défilé incessant des camions étrangers conduit par des chauffeurs low cost avant d’aller pointer chez Paul Emploi en rêvant d’aller chez Paul Bocuse si je gagne au loto.
           

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