Quelques petits souvenirs d’un passé pas si lointain, quoique : https://www.fierdetreroutier.fr/piwigo/index.php?/category/vieux-documents-et-autres-souvenirs
Franck Marty, le chauffeur multi fonctions
Depuis que j’ai lu le fabuleux portrait de mon camarade de chambre et d’école à Andrésy où nous avions obtenus nos CAP de conducteurs routiers, Yannick alias Yaya m’a motivé à vous livrer le mien.
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La belle carrière de Michel Cosolo
Fraichement diplômé d’un CAP mécanicien auto, Michel Cosolo passe ses permis en octobre 1970, il a 18 ans.
Michel travaille alors pour les transports Clerc d’Agen. Il connaît déjà bien l’entreprise puisque son grand frère y travaille déjà depuis un moment, et il a l’habitude de partir avec lui. C’est une très bonne formation ! A ce moment là, les voyages s’effectuent à bord d’un Magirus Jupiter ou de Berlier TR. A noter, que le Magirus n’avait pas de couchette, qu’il fallait dormir en travers des sièges !
Après l’appel de l’armée en 1972, un an sous les drapeaux à Compiègne, il reprend son service tout naturellement chez les transports CLERC en 1973, dès qu’il a une permission, il reprend vite le volant.

Un peu de citerne alimentaire, beaucoup de viande pendue qu’il faut souvent décharger à l’épaule, et toujours en Mercedes LP, puis NG. Les destinations sont variées : Italie, Espagne, Allemagne, Est de la France.
A la fin des années 70, les premiers Mercedes NG sont intégrés au parc des transports CLERC. Il faut alors aller récupérer les tracteurs neufs à Strasbourg, puis, en solo aller jusqu’à Avranches dans la Manche chez CHEREAU pour y atteler des frigos flambants neufs.
Toutes les bonnes choses ont une fin. En 1984, Clerc prend sa retraite et revend son affaire à Oertli. STG était sur les rangs, mais c’est OERTLI qui l’a emporté, malheureusement d’après Michel.
La dure vie des viandars !
Chez Oertli, Michel fait de moins en moins de viandes pendues, mais beaucoup plus de produits frais. En 1990, les transports Oertli se séparent de leur 4 petites agences dans le sud ouest. Il sera finalement licencié, mais avec avec belle somme à la clé. Une page se tourne malgré tout.
Michel connaissait alors le pere DELAGNES, et il l’ a embauché pour remplacer un chef de centre à SALON DE PROVENCE. Il y est resté 3 mois et BASTA c’était pas son truc la messagerie !
Par le plus grand des hasards, il prend contact avec CAMI de Bordeaux. Pour faire de la viande entre Bordeaux et Nice avec retour en primeurs ; 2 fois par semaine. Il enchaine les aller retrours avec son MAN, quand un samedi matin de 1994, Cami disparait corps et bien, personne ne l’a jamais retrouvé. Les transports Olano prennent alors la suite des affaires, mais Michel n’y reste pas et intègre les transports Marcot d’Agen pour faire du primeur toujours sur l’axe sud est.

Pour terminer sa carrière, Michel intègre les transports Delsol qui avaient 6 camions sur AGEN et qui bossaient avec UPSA. Retours à vide quelque soit la destination, France, Espagne, Italie, Belgique embauche ! CLUB MED !! Et ce jusqu’à sa pre-retraite fin 2009 !
L’hommage de Christiane pour son père Jean Fayolle
Jean Fayolle, est décédé en mars 2020, pour lui rendre hommage, Christiane, sa fille a demandé à retrouver les photos de la longue carrière de son père. Voici, sa biographie, son parcours complet ici.
Né le 15 mai 1935, Jean Fayolle passe ses permis le 07 Février 1954 avec un Saurer Begey. Il prendra sa retraite le 15 Mai 2000.
Mon papa, a passé toute sa carrière comme économe de l’école d’apprentissage des Automobiles Peugeot à Sochaux, ma maman, d’abord secrétaire au bureau des méthodes Peugeot, ensuite commerciale dans une maison de matériaux de construction, rêvaient pour moi, d’une situation en rapport avec l’activité faîtière de notre région ; Peugeot.
C’était bien sur sans compter sur mes aspirations, à savoir : « conduire un camion », je les ai beaucoup déçus, ils me voyaient déjà suivre leurs parcours « Peugeotiste », or, dès ma sortie du « bahut » je me précipite chez notre voisin, les Transports BEGEY de Sochaux, (les parents fondateurs de la SA BEGEY que tout le monde connaît).
Chez, eux, bien sur, au début en 1954, j’accompagnais les chauffeurs de la maison…c’est eux qui m’ont appris à conduire un camion, et paradoxe, c’est moi qui plus tard et a mon tour ai appris à conduire aux trois fils BEGEY, Claude, Jean, et Michel.
Rapidement, je fus en mesure de me débrouiller tout seul au volant, pas regardant du tout, Georges BEGEY, le patron me laissait partir tout seul (sans permis), avec un vieux Berliet ou il avait installé une « Poclain », j’allais à la gare de Montbéliard, décharger des Wagons de Charbon, ou chez Marty charger la « tournure », j’ai eu mon permis du premier coup en 1956 avec le vieux Saurer de l’entreprise, mais là une coupure est intervenue…j’ai été appelé au service militaire…..le 35° Régiment d’ infanterie de Belfort…je n’étais même pas chauffeur…j’étais à la musique…et j’ai quand même fini caporal.
Revenu à la vie civil très rapidement car marié et chargé de famille, je reprend le volant d’un tracteur Saviem JL 20 (Ex Somua) toujours pour Georges BEGEY, mais le salaire n’étant pas très élevé, je décide de partir travailler en Suisse .
Je repasse mon permis de conduire Suisse en 1957, Payerne Transport, m’engage immédiatement, j’ai un camion remorque Saurer 120 Cv, direction à droite, je livre de l’eau minérale d’ Henniez, dans toute la Suisse , travail pénible s’il en est, presque plus manutentionnaire que chauffeur, un peu plus d’argent certes, mais à quel prix…,Lassé de ce genre de sport, je reviens « chez Begey » en 1964, là, cette fois, j’ai un Mercedes LPS 333 de 220 CV, une Coder « caouflex », je roule pour Gondrand (c’est à ce moment là que j’apprend à conduire aux fils Begey) j’y reste jusqu’en 1966, ou des circonstances familiales incitent à notre retour en Suisse.
Cette fois dans de meilleures conditions, deux « tests » de repérage, et pour finir je trouve un patron super, les Transports POULY de VEVEY, au bord du Lac Léman, une maison dans le vignoble, un boulot pépère (Lausanne Lancey avec du papier de récupération et St Egrève Vevey avec du ciment prompt, un salaire confortable, le pied quoi ! En octobre 1969 là s’arrête ma carrière de « chauffeur salarié ».>Un petit patron, Michel SAVARY, me téléphone un soir, pour me demander si par hasard, je ne pouvais pas aller rechercher son camion qu’un de ses chauffeur avait abandonné à Istanbul, j’en réfère à mon patron, il accepte de me laisser partir à la condition bien sur que ce soit pas a sa charge.
Une nouvelle vie va commencer pour moi, rendez vous est pris pour le lendemain à l’Aéroport de Cointrin, avec mon passeport, et une petite valise, Michel a acheté mon billet et m’a donné 6’000 Francs Suisse….c’est parti .
- 1969 Multan au Pakistan pour livraison de tuyaux pour l’entreprise Dumez – Passage par l’Afganistan, Kaboul, le Kibert pass (refuge de Ben Laden)
- 1974 Doha au Qatar, livraison de pièces détachées Caterpillar, chargées à Anvers pour le Compte d’ Astran International de Londres
- Catania en Sicile avec des machines d’ imprimerie au départ de la Suisse
- Jerez de la Fontera (Cadix) Chargement de Vin de Xeres pour la Suisse
- Lisbonne Portugal livraison de Groupage pour Danzas Bâle
- Jönkoping en Suède pour livraison machines d’imprimeries au départ de la Suisse
Album photos :
Des histoires
Dans le talus à Aksaray (Turquie)
En février 1983, j’ai eu un très grave accident de voiture. Un ivrogne roulait à contre sens sur l’autoroute Genève Lausanne, la femme d’un des chauffeurs qui conduisait ma 604, n’a pas pu l’éviter, elle a été tuée. Moi qui dormais sur le siège de droite, je me suis réveillé 10 jours plus tard à l’hosto. 5 camions étaient chargés pour partir ensemble à Riyad, 2 par le Mont Blanc et les 3 autres par le St Gothard. Du fait de l’accident, le mari de la conductrice de ma voiture et moi-même étions indisponibles pour ce voyage.
Mon fils Jean Claude a alors du faire face au problème, trouver 2 autres chauffeurs, faire les visas pour ces nouveaux. Les camions étaient en TIR, alors ne pouvant pas partir tout de suite, il a du les mettre « sous douane ». Enfin un tas de misères, ils sont tout de même partis, il conduisait le Mack, les deux « nouveaux » chacun un Volvo. Arrivés en Turquie, l’hiver n’était pas du tout fini, toujours beaucoup de neige, entre Ankara et Adana. A Aksaray la route était enneigée, le bord pas très visible, alors en doublant un camion en panne, la semi qui était il est vrai un peu trop chargée sur le cul, est partie au talus de l’arrière… elle était chargée de 24 tonnes de planches, alors pour tout sortir de là, j’vous dis pas. Chaînes, remorquage par les deux autres camions à la fois, rien n’y a fait, (sauf au pare choc), alors la solution adoptée: décharger la remorque, la remettre sur la route, recharger….tu parles d’un binz ! Cependant c’est comme cela qu’ils s’en sont sortis.
Le pire dans l’ensemble de cette histoire, c’est que l’affréteur de Garonor (je tairai le nom) si, tant que les camions n’étaient pas arrivés à Riyad, s’est montré charmant et compatissant envers notre malheur, dès qu’il furent arrivés, il nous a adressé une lettre AR nous indiquant que nous n’avions pas rempli notre contrat, et que de ce fait, il ne nous paierait pas le solde des voyages, imaginez la perte…
Une vraie catastrophe celle là aussi, une jeune femme de 21 ans tuée, la voiture broyée, moi, 3 mois à l’hosto, des broches partout, plus de chailles, 6 mois à me remettre, la casse à Aksaray, la dédite de l’affréteur, un peu découragent quand même, non ?, tout ça à cause de qui : eh bien, d’un ivrogne qui roulait sans permis et bourré comme une cantine à contre sens de l’autoroute, il n’a même pas eu une égratignure, ce salaud là , mais quand même trois mois de tôle, c’est la moindre des choses, non ?
Le mari de la victime a touché par l’assurance de ma voiture 50’000 Francs Suisse pour le décès de son épouse, il en a profité pour s’offrir un voyage au soleil, et pour se consoler, il a emmené avec lui, la meilleure amie de sa femme…un enfoiré de plus…
Quand à Jean Claude et son équipe, après avoir déchargé la marchandise, deux camions avec les chauffeurs de remplacement ( ce n’étaient même pas des routiers, c’étaient des paysans qui avaient le permis PL) sont rentrés tout de suite, Jean Claude et les deux autres sont restés deux mois en Arabie Saoudite, ils ont effectué des transports « sauvages » pendant tout ce temps, heureusement, ça nous a bien refait, on en avait bien besoin, et surtout, ça nous a permis de continuer, mais l’ambiance n’y était plus, j’ai du arrêter 3 des 5 camions en attendant des jours meilleurs pour moi et ma santé….elle est pas belle la vie…
Retours en caleçon
Mois de Juillet 1980, pendant la révision des freins du Mack, je décide de faire un voyage a Téhéran avec le Mercedes 1924, j’installe une couchette de fortune, et départ comme ça…
Pas de performances à envisager, mais cependant une pêche d’enfer, tout se passe donc lentement mais sûrement….
A Téhéran une chaleur infernale, le matin la douane travaille, mais dès 14 heures c’est fini…alors bien sur, ce n’est pas gai de rester sur le Parking poussiéreux de la douane, donc je décroche et me voilà parti pour Téhéran…ou plus exactement pour une maison située sur les hauts de la ville, villa d’abord louée par les Ex Transports Chappuis de Lyon qui viennent d’ arrêter et donc reprise par Fridérici, il y a piscine, bar, resto, etc… enfin plein de confort…les chauffeurs Français ou Suisses, y sont naturellement très bien acceptés.
Le tracteur est garé dans la rue, avec d’autres, je me met en tenue de bain dans le camion, je prend ma serviette avec le pognon et les papiers, je remet tout ça au barman…et c’est le bain, le bronzage…l’apéro, et ensuite le souper….
Vient l’heure d’aller se coucher, alors je regagne mon tracteur…et là….désastre, on s’est fait faire la cabine, plus rien, plus de valdoche, plus de fringues, plus de sac de couchage….merde alors !!!, d’autres collègues ont subit le même traitement que moi, nous sommes donc plusieurs, à se retrouver « en caleçon »….
Naturellement tant que nous sommes dans ce pays chaud, le fait d’être presqu’à poil ne nous gêne pas outre mesure, mais il faut bien rentrer….et la honte quand même lorsqu’il m’a fallu aller acheter un minimum pour ma toilette…et puis un T shirt et un futal, t’as bonne mine de te présenter dans un magasin en caleçon de bain….surtout labàs…
Je suis rentré comme cela, mais dès l’Italie, il ne faisait pas très beau temps, la pluie, alors j’ai quand même enfilé ma combinaison de travail toute graisseuse, et c’est comme cela que je suis rentré à Lausanne….pas très présentable le papy…..
La seconde fois que je me suis fait faire la cabine, c’est au Motel Slavonsky Brod près de Belgrade en Yougoslavie, nous rentrions, j’étais avec trois chauffeurs Suisses de Fridérici, on s’arrête là le soir pour becter avec l’intention de rester là pour la nuit….
Toute à notre affaire avec les « Spritzer » et autres Cheva pchi pchi…un Iranien qui était lui aussi sur le parking, vient me chercher et me dit qu’on m’avait fait la cabine….en effet, cette fois là, putain, c’est la serviette avec tous les papiers qui avait disparu…heureusement j’avais sur moi, le passeport et le portefeuille extra plat des retours de voyage.
Là pour moi, c’était un peu plus grave, plus de papiers pour le camion, si je ne craignais pas trop les problèmes de passage de la frontière à Fernetti et au Gd Saint Bernard, comment expliquer la perte de ces papiers aux autorités chargées de me les remplacer….il me fallait au moins un procès verbal fait par la « Milija »…. le gérant du motel les appelle, ils viennent et me délivrent ce document sans problèmes, moi, aussi, je rentre en Suisse sans problèmes non plus.
Une fois arrivé, je refais tous les papiers, pour moi, l’affaire était classée quand soudain un téléphone de la police de mon village, c’était le Ministère des Affaires Etrangère à Berne qui les avait avisé que ma serviette avait été retrouvée intacte, elle était à ma disposition à l’ Ambassade de Suisse à Belgrade…..
Armé d’un carton de « fendant » pour ces messieurs de Belgrade, j’ai récupéré mon bien, les employés m’on dit que c’était la police qui leur avait apporté cette serviette quelques temps auparavant….je n’ai jamais su exactement qui m’avait fait la cabine…..mais seulement de vagues soupçons….. Jellica, une des « gentilles pitchka animatrices » attachée à l’établissement m’a confié plus tard, que l’un des cuisiniers du motel était en tôle depuis ce moment là…ah bon !!
Convoi exceptionnel pas si exceptionnel que ça !Cette fois là, nous avions donc chargé des matériaux de constructions en France pour l’Entreprise DUMEZ qui construisait à Mossul et à Kirkuk, des maisons pour les Officiers de l’Armée de Saddam…
Dans le Volvo de Jean Claude du matériel volumineux mais léger, et moi dans ma semi des planches 24/25 tonnes (la valeur marchande de la marchandise était plus faible que le prix du transport)
Nous voilà parti Via le Mont Blanc….à Aosta, stop au Supermarket de « l’autoporto » pour acheter les « compléments alimentaires » aussi bien pour nous que pour les copains du site DUMEZ… (Cette attention nous ouvrait bien des portes labàs) …
Trieste Fernetti, Zagreb, l’autoroute Yougo avec motels (et les spécialités locales) enfin la frontière Grecque direction Ipsala en Turquie, jusque là, rien de spécial….quand tout à coup…un sifflement aigu, une fumée opaque…tiens!.. le turbo du Mack venait de rendre l’âme…
Allez trouver un turbo pour ce type de véhicule en Grèce…donc, il faut faire en sorte de pouvoir continuer au moins jusqu’à Istanbul…alors on bricole…on supprime le turbo, on raccorde le filtre à air à la pipe d’admission….pas de problèmes pour les mécanos du cru….
Au ralenti ça fonctionne normalement, mais dès qu’on sollicite un peu le moteur, fumée noire digne de la patrouille de France…et puis ça ne tire pas beaucoup….enfin on arrive comme ça au Londra…. Exploration de toutes les possibilités de remplacement du turbo négatives…alors comme on est bien déjà venu jusque là, on va continuer comme ça, non ?
Dans l’ensemble, plus hônte de la fumée que des performances, et, à part Bolu, le Taurus, et le col après la douane d’Irak, ou, pas assez puissant pour monter tout seul, j’ai du me faire « remorquer » par le 88 de Jean Claude…une barre derrière sa remorque, et en avant…
Donc pour finir, on arrive à Mossul, déchargement terminé, nous prenons la décision de tout charger sur le camion remorque, petit travail de routine, tout démonter, couper le tablier de la semi, pas la peine c’était déjà fait depuis le coup de Bagdad (Michel) charger tous les « accessoires » dans la semi, mettre la remorque au quai de fortune, et commencer la manœuvre de chargement….avec le Volvo comme pousseur, ça ne va pas…. Alors le « Jambon d’ Aosta » ayant fait son effet, nous disposons alors du matériel nécessaire….la niveleuse du copain fait merveille….
La semi est chargée sur la remorque, les béquilles posent juste sur l’avant, elle est décrochée bien sur et surélevée pour laisser un espace suffisant permettant les rotations et le passage sur le châssis du tracteur…le tracteur lui est tout à l’avant sur le camion…sanglage de tout le barda, un dernier pour la route avec les copains Dumez…et moteur…
Les problèmes : déport incroyable dans les virages, ceci étant donné la semi qui dépasse beaucoup sur l’avant de la remorque….alors achtung… achtung….
C’est ainsi qu’à 8 heures du matin, après une remontée héroïque 24/24, nous étions arrivés dans la cour du Garage Volvo à Crissier, c’est là que nous avons déchargé tout le commerce et remis en état le Mack…pas plus simple que ça…alors y a pas de quoi en faire un fromage, non ?…..mais…faut quand même pas mal de courage….
L’histoire de Michel…
Michel POMETICH, d’origine Russe Orthodoxe, c’était un colosse, une force de la nature, il habitait Thonon en Haute Savoie. Sortant d’une déception sentimentale, il décide de quitter son emploi de chauffeur de chantier pour celui de chauffeur Grand Routier, c’est comme cela qu’il est arrivé chez nous en Septembre 1981.
C’est ainsi que nous chargeons trois de nos camions chez Dubois à Garonor, le Volvo F89 d’ Ohran le chauffeur Turc, et le Mack de Michel pour Bagdad, et moi-même, avec mon Mack pour Téhéran.
Le chauffeur Turc, part le premier, afin de prendre quelques jours de congés dans sa famille à Istanbul, avec Michel, nous partons quelques jours plus tard, rendez vous est pris avec Ohran au Londra Camping, tout nouveau pour lui, Michel profite pleinement des « attraits » locaux….
Nous retrouvons donc notre « Turkich », et nous partons ensemble direction Ankara, là bifurcation oblige, moi, à gauche sur Sivas, Erzurum, direction Iran, eux, à droite sur Adana, Gaziantep, Urfa, Zakho, Irak.
De mon coté, j’ arrive à Téhéran, et là pour moi, c’est un nouveau soucis qui commence, Aioub, le « déclarant « en douane de tous ceux qui le sollicitent, et en particuliers des camions Fridérici, me raconte que justement Mr Fridérici lui à dit de me prévenir…un de mes camions se rendant en Irak a eu un accident vers Kiziltèpe…le chauffeur est en prison…pas d’autres précisions….
De retour à Istanbul, je contacte enfin le correspondant de mon assurance, il se renseigne. En effet, c’est Michel avec le Mack qui a eu un accident, une femme « mulet » a traversé la route sans regarder, malgré les appels sonores de Michel, elle n’a pas réagi davantage, le camion l’a donc fauché …et elle a été tuée sur le coup. Michel a été placé en détention, dans l’attente du versement d’une somme de 50’000 DM……la police doit envoyer le rapport rapidement afin de déclencher le processus d’indemnisation pour ce sinistre…responsable ou pas c’est comme ça !
Le Chauffeur Turc a continué son voyage, comme il doit à son retour passer encore chez lui, je lui laisse le message de rester là, de m’attendre, je vais avoir besoin de lui la-bàs…il va traduire…et au besoin continuer le voyage à la place de Michel, je rentre donc en Suisse…je règle les problèmes avec l’assurance, il est convenu que les fonds serons transférés au correspondant d’Istanbul.
Je recharge rapidement, cette fois bien sur pour Bagdad, nous sommes deux camions à partir ensemble, il y a Luigi un affreté avec son F89. A Istanbul, nouveau contact avec l’agent de la compagnie, c’est OK, le pognon est là, nous récupérons Ohran, et nous voilà partis en direction de l’Irak, l’agent vient en Avion jusqu’à Adana, et ensuite il prend le bus….donc rendez-vous à Kiziltèpe pour dans trois jours… voilà près d’un mois que Michel est en prison…au Kurdistan en plus…quel bordel… mais que faire de plus… !
En arrivant en vue de la « ville » de Kiziltèpe, une voiture de police nous croise…des bras sortent de toutes les fenêtres pour nous faire signe….dans la voiture il y a Michel, l’agent de l’assurance, et le chef de la police du bled, tout ce petit monde semble en pleine forme…bien bourré en plus, Michel, que je croyais trouver très abattu ne semble pas du tout ressentir les affres d’un mois de « geôle », c’est déjà ça….Donc direction le « bistro » du coin, les quatre « automobilistes » en repassent aussi sec une « couche », nous, nous ne pourrons jamais les rattraper….Ohran entre en action, et nous apprenons donc bien vite ce qui s’est réellement passé.
La pauvre femme, elle, personne n’en parle, c’est sûrement un détail pour eux. La seule chose qui compte, c’est l’argent de « la rançon », il a été distribué…à qui ? Nous n’en demandons pas plus, l’essentiel pour nous est de quitter le plus vite possible cet endroit maléfique pour Michel, je lui donne le choix, s’ il veut, il rentre à Istanbul et nous attend au Londra ( Il y a le F89 du Turc) ou alors il continue son voyage avec nous…. Il choisit de venir avec nous…bien, alors Ohran, son office de traducteur terminé, retourne nous attendre à Istanbul.
En fait, Michel, n’a pas été si malheureux que ça dans la « prison », elle était située dans le commissariat de police, le Mack était garé devant, comme il avait de l’argent, Michel a donc pu acheter tout ce qu’il voulait à manger et à boire….et aussi…à fumer…les « joints » circulent dur dans cette région là.
Deux choses cependant le préoccupait. D’abord, il était sans nouvelle de nous, alors question sur son « avenir »… Ensuite, au Londra, il avait acheté (à mon insu) un pistolet, heureusement, il était caché dans le système d’air conditionné du Mack, mais quand même il n’était pas tranquille du tout de le savoir là, et si les flics le trouvaient…
Bien sur, lors de nos voyages, nous ne partions jamais sans provisions » aussi bien « gastro » que « liquide », de ce fait, le soir nous avons pu fêter la fin de cette aventure Turque.
Deux jours après nous étions à Bagdad, nous étions garés à Faloudja, comme beaucoup d’autres, nous étions regroupés par « nationalité », il y avait donc autour de moi Luigi, et son F89, et Michel avec son Mack, et d’autre collègues Suisse, nous avions installé « le camp » du coté du « coffre à bouffe », bien sur apéro musclé, souper « à la fortune du pot » préparé par Papy Jean , naturellement discussions animées genre tradition resto routier, et aussi corvée d’eau…car comme chacun de ceux qui ont été la-bàs le savent, il n’y a que quelques petits robinets qui « pissottent » pour plusieurs centaines de mecs… De corvée ce soir là, Papy Jean et Luigi…donc absent une bonne demi heure, « le camp » étant resté sous la garde de Michel…..
De retour avec nos jerricanes, Michel, n’était plus là. La lumière des baladeuses éclairait l’endroit, mais pas de Michel. Quand soudain, je perçois un bruit, genre « mec qui dégueule », bien sur je pense aussitôt à Michel qui avait bien forcé sur l’apéro et le picrate du repas, je m’approche de l’endroit d’où provenait le »bruit », alors…. Mais non c’est pas vrai ? Michel était étendu de tout son long entre la remorque et le camion de Luigi, il s’était tiré une balle dans la tête……il râlait, mais ne parlait pas, quel bordel….mais que lui est t’il passé par la tête? Rien ne laissait penser à un truc pareil……
Naturellement, alerter les secours, alors le gardien des bureaux de la douane toute proche s’occupe de le faire. Peu de temps après, la police Irakienne arrive, plusieurs voitures. Sans autres ménagements, ils embarquent Michel à l’arrière de l’une d’elle, j’entends toujours le cri de douleur qu’il a poussé à ce moment là….La voiture part, nous ne le reverrons jamais…. Merde alors …..
Pour nous, c’est aussi une nuit pénible qui s’annonce, les flics nous prennent nos passeports, les clefs des camions et nous embarquent à leur poste de police, nous ne pouvons naturellement pas nous expliquer avec eux, ils veulent nous mettre dans un « cachot » pour la nuit, je manifeste sérieusement, alors, pour finir, nous dormons, Luigi et moi, dans leur dortoir, bon ça va … Je comprends quand même que demain ils nous conduiront à Bagdad …je peux aussi téléphoner à l’ Ambassade de Suisse, j’explique notre affaire, et demande qu’on prévienne également l’ Ambassade d’ Italie pour Luigi, et celle de France pour Michel…
En effet, le lendemain matin départ pour Bagdad, nous arrivons dans une sorte de Palais de Justice. On nous fait entrer dans une salle d’attente, et là, très peu de temps après, trois personnes des Ambassades que nous avons ameutées, se présentent à nous, ils ont un interprète, les explications commencent, je raconte toute l’histoire, sans trop insister toutefois sur l’histoire du pistolet, on ne sait jamais.
Peu de temps après, je suis introduit avec le Diplomate Suisse et l’interptète dans un premier bureau, là, je raconte a nouveau l’histoire, l’interprète jure sur le Coran de dire la vérité … toute la vérité, rien que la vérité… le Juge écoute impassible, ensuite c’est au tour de Luigi, même scénario, à moi encore une fois dans un autre bureau … A la fin de ce second «interrogatoire », le juge se lève, il parle Français aussi bien que vous et moi, il me tend mon passeport, mes clefs, je suis libre…quelques instants après Luigi me rejoint lui aussi…pendant ce temps les Diplomates se sont renseignés sur ce qu’il est advenu de Michel….il est mort en arrivant à l’hôpital…je ne peux plus rien faire pour lui.
C »est l’Ambassade de France qui, avec la famille de Michel, s’occupe du rapatriement de son corps jusqu’à Genève, ou il sera enterré quelques temps après son acte désespéré, nous arrivons juste à temps pour assister à l’enterrement selon les rites Orthodoxes…
Quelques suspicions subsistent de la part de la famille, car un jour je suis « convoqué » par un Avocat Genevois, il me demande de lui raconter les « détails » de l’affaire, il me demandes des tuyaux sur le comportement « anté-mortem » de Michel, et comme il m’offre un verre, je remarque, qu’à l’issue de la « dégustation », il prend délicatement mon verre. Je suis sur que c’est pour les empreintes, des fois qu’on ait retrouvé les mêmes sur le pistolet de Michel, voyez le truc…très pénible affaire que celle là….
Dans la pratique, une fois sorti du « tribunal », je me suis naturellement trouvé avec un camion sans chauffeur….heureusement pour moi, le malheur d’un chauffeur Français d’Annecy, a fait mon bonheur, son tracteur n’avait plus d’embrayage, alors nous avons chargé son tracteur endommagé sur sa semi, la semi de Michel sur la mienne, et alors les deux Mack sont rentrés sans problème, l’un à Annecy et l’autre à Genève, bilan : deux personnes mortes, beaucoup de travail, beaucoup de soucis, beaucoup de frais…. voilà la fin de cette histoire, c’est probablement celle qui m’a le plus marquée moralement de toutes celles qui me sont arrivées.
Noël 1973, Une nuit mouvementée
Cette année là, j’avais chargé vers le 10 décembre en Grande Bretagne à destination de Téhéran.
Une quinzaine de tonnes en tout : des machines à laver sur deux couches, au fond et par-dessus du Whisky.
L’impératif était d’arriver à Téhéran avant le 31 décembre, le Whisky était attendu pour le Nouvel an, donc, pas question de passer Noël à la maison…une fois de plus…. Jean Claude mon fils de 14 ans m’accompagnait pour ce voyage.
Nous sommes arrivés à Dogubaïazit (Douane Turque à la Frontière Iranienne ) le 22 décembre au soir ( petite note, c’ est justement à Dogubaïazit qu’ il y a eu un enfant mort à cause de la grippe aviaire). Le lendemain, passage en Iran à Bazargan (Douane Iranienne à la frontière Turque), vers 15 heures, nous voilà partis en direction de Téhéran, il faisait déjà presque nuit.
L’hiver est très rigoureux dans ces régions balayées par les vent glacés venant de Russie, il gèle dur, et naturellement le Gasoil gèle (vous connaissez), alors pour atténuer la formation de paillettes dans le Gasoil, on avait l’habitude en faisant le plein de mettre un pourcentage important de pétrole, et faute de pétrole on mettait de l’essence…ce que j’ai du faire ce coup là…
Nous passons Marand, Tabriz, nous longeons les gorges , passons les tunnels qu’il y a avant d’arriver à Zandjan….mais, il ne faisait pas chaud du tout dans ce coin là. Aussi, bien que « dopé », voilà le moteur qui commence à faiblir, un signe caractéristique de la mauvaise arrivée de carburant.
La conduite à tenir dans ces cas là est de vite s’arrêter, d’allumer le « réchaud » sous le réservoir ( technique locale qui consiste à mettre un peu de sable dans un bidon d’huile vide, dans le sable on verse du Gasoil, on y met le feu, et on met tout ça sous le réservoir pour le réchauffer) pour parfaire la chose, on confectionne un « brûlot », un peu d’étoupe au bout d’un fil de fer, on le trempe dans le Gasoil, on y met le feu, et on réchauffe les conduites de carburant, ça fonctionne très bien, mais suivant le froid , ça ne dure pas très longtemps, alors une seule solution recommencer l’opération.
Donc plusieurs fois entre Tabriz et Zandjan j’ai recommencé l’opération….vers le matin ou le froid est le plus mordant, arrivé presque à Zandjan, rebelote…, mais « connerie » de ma part, v’la t’y pas que je me met à faire fondre (c’était inutile) la glace agglutinée autour du bouchon du réservoir principal, je n’ai pas pensés aux gaz diffusés par l’essence, mais eux ils ont pensés à moi…explosion, je me retrouve à 4/5 mètres, couché dans la neige, mon anorak en feu.
Je me roule dans la neige pour éteindre le « sinistre »…je me « regarde, mes moustaches en avaient pris un coup, et mes mains, toutes brûlées, et la figure, enfin ça aurait pu ètre pire, avec le froid je ne sens rien du tout.
Le réservoir, lui était en train de se vider…comme un arrosoir…ça pissait de partout, vite fermer le robinet de communication avant que ce soit tout vide…et comme c’est le réservoir principal qui a explosé, il n’y a plus qu’une solution changer de réservoir, alors ni une ni deux, au travail !!! Les brides, pas facile à dévisser… le réservoir de remplacement contenait environ 250 litres, pour changer tout ça…deux bonnes heures après tout est fini. Le soleil s’est levé, il commence à faire moins froid, plus besoin ni du « réchaud » ni du « brûlot ». Le réservoir percé, je l’ai laissé au bord de la route, au retour il n’y était plus…..
Le matériel rangé, il faut à présent penser à moi, Jean Claude a fait chauffer de l’eau avec le Camping Gaz, pour du café d’abord, et ensuite pour me laver les mains….alors là, tout a basculé…d’avoir trempé mes mains dans l’eau chaude a réveillé la douleur…je ne vous dis pas ce que c’est… enfin on serre les dents et on part comme ça.
Arrivé à Zandjan, une pharmacie ouverte, je m’arrête pour acheter ce qu’il fallait pour me soigner…le pharmacien qui parlait Français, m’a alors conseillé d’aller à l’Hôpital, ce que j’ai donc fait, mais voilà, ils voulaient me garder….Ha non ! Alors les infirmières, m’ont nettoyé les plaies, de la figure et des mains, bandé les mains, mis de la pommade sur la figure et le cou, et je suis parti (elles n’ont pas voulu que je paye)… des jolies nana en plus… et pas « bâchées »….
Bien que très bien soigné, la chaleur de la cabine est vite devenue insupportable, je ne pouvais pas tenir mes mains sur le volant, alors Jean Chaude, s’est assis à coté de moi, c’est lui qui a conduit les 450 derniers Kms du parcours pour arriver à Téhéran, moi, je gardais les mains à l’extérieur, et le visage le plus possible, pas chaud du tout, mais efficace pour la douleur, nous sommes arrivés ainsi sans autres encombres à Téhéran, nous étions le 24 décembre 1973 au soir, donc largement dans les temps pour le Whisky.
Lorsque nous étions à Téhéran, nous avions coutume de loger à l’Hôtel, les camions étaient garés le long du Boulevard tout près de la Place Ferdowsi, personne ne nous disait jamais rien du tout, notre hôtel s’appelait la Pension Suisse , à part le nom et quelques photos du Cervin et du Jet d’Eau de Genève, absolument rien de Suisse, mais quand même on avait l’impression d’ètre en Europe, il y avait de tout à manger, et a boire, aussi bien du porc, du vin ou de l’alcool, les tenanciers avaient une maison dans la vallée de la Loire en France…ils s’y sont réfugiés à temps et avec leur pognon juste avant le début de l’ère Koméni… tant mieux…
Bien sur, ce soir là, je n’ai pas pu assister au repas de Noël préparé pour tous les Français ou les Suisses présents à l’hôtel, je sentais trop le « cochon grillé », mais plus tard dans la soirée, Vodka et Whisky aidant, plus personne ne sentait les effluves que je dégageais.
Ce sont mes copains qui ont été décharger et recharger mon camion, après quelques jours de repos ça allait beaucoup mieux pour moi, alors sans problèmes mais toujours avec mes bandages aux mains, j’ai pris le chemin du retour…j’ai même mis les chaînes avec mes mains bandées…
Ca aurait quand même été beaucoup mieux, si j’avais pu passer ce Noël là avec ma famille, non?
Les oranges de Didier…
Didier, lui avait l’habitude de prendre son épouse Sandrine et leur jeune fils avec lui, cependant n’étant pas encore assez placé haut dans la hiérarchie des chauffeurs de notre maison il avait un Volvo F88, (le camion de prédilection de la maison). Cette fois là, Sandrine n’est pas partie avec lui. Toujours groupage pour descendre et oranges pour remonter, donc formalités habituelles à la Junquera et ensuite remontée sur notre région.
Nous avions l’habitude de nous arrêter au Relais de Donzère, alors sortie de l’Autoroute à Bollène, ensuite la D 158 par Saint Paul Trois Châteaux et arrivée directe à Donzère. Didier avait un peu le « pied lourd », et le 88 pétait le feu, alors ça bombait sec, seulement le rond point de Saint Paul est en dévers, vitesse excessive aidant, l’inévitable se produisit.
Didier chercha bien à ralentir, mais trop tard, le 88 se trouva déséquilibré et c’est sur « deux roues » qu’il termina sa course contre le mur de la station de pompage en contrebas. Un poteau électrique reçu la semi remorque, ce qui priva l’usine Gerflex proche de courant. Didier, pas de mal, mais regardez la cabine, si Sandrine et le petit avaient été avec lui…on n’ose pas y penser.
Les Oranges ont trouvé « preneurs » sur place, il y en avait 24 tonnes, tout à disparu…. Le dispatching a été total, j’ai remis « le mulet » en route, et je suis allé récupérer les morceaux, mais là, moins de mal que pour Manu, on a changé la cabine en prenant celle du deuxième « mulet » et le vaillant 88 à continué ses voyages comme si de rien n’était, mais là aussi, Didier a eu chaud aux oreilles…et nous, vraiment, vraiment beaucoup de frais…
Nous chargions du Groupage en Allemagne ou en Suisse à destination de la région de Barcelone Valencia, et au retour, pour le compte de la Firma LEIBLE d’ Offenburg, que beaucoup connaissent.
Il charge un jour à Algemesi près de Valencia, un chargement d’oranges à destination de l’Allemagne, il devait être le lendemain matin à la Junquera pour la visite sanitaire comme c’était la coutume en ce temps là.
Arrivé à hauteur de Villafranca del Pénédes juste avant Barcelone, v’la t’y pas qu’il s’endort, ce qui ne l’empêche pas d’ accélérer de plus belle , le 420 ne se fait pas prier, d’autant plus que la tringle du régulateur était dans la caisse à outils.
Devant lui, un camion remorque Allemand, le chauffeur dormait aussi, mais doucement lui, l’inévitable se produisit donc, pan dans l’cul de l’autre, heureusement Manu se réveille, mais un poil trop tard pour tout éviter, un coup de volant à gauche lui sauve certainement la vie, mais j’vous dis pas la violence du choc.
La cabine du 420 à été arrachée du châssis, la semi s’est renversée en travers de l’autoroute, par miracle, Manu n’a rien eu du tout, une légère coupure à la main en sortant de la cabine qui avait été propulsée à plusieurs mètres, le chauffeur Allemand, lui s’est quand même réveillé, le cul de sa remorque en avait pris également un bon coup.
Des Oranges, voyez sur la photo ce qui en reste, c’est Papyroutier, qui a été avec « le mulet » récupérer les morceaux une quinzaine de jours après. Parce qu’il fallait d’abord s’organiser et préparer « le mulet »
Le chauffeur en prison à Paris …
Jacqueline avait acheté un camion, un joli Volvo F89 peint aux couleurs Américaines, nous avions embauché un chauffeur pour ce camion, il roulait en parallèle avec nous, ce soir là, nous attendions pour charger à Garonor. Nous mangeons au routier de Garonor, les deux tracteurs sont l’un derrière l’autre, garés à l’extérieur, bien sur, il est connu que la nuit, des « visiteuses » hantent le site, et se mettent volontiers à la disposition de ceux qui sont en retard d’affection….notre chauffeur devait sûrement faire partie de l’un de ceux là, nous l’avons appris par la suite.
Le lendemain matin, je constate que le Volvo, n’est plus derrière moi, il est parti en arrière en roulant sur les bordures du parking. Effectivement, nous apprenons très vite qu’un terrible drame s’est joué cette nuit là. Il a eu la visite d’une pouffiasse, qui, après avoir bu pas mal de Whisky et avoir échangé leurs groupes sanguins lui a demandé de la ramener près de Paris.
En revenant, comme, il était passablement « bourré », il s’est enquillé à contresens sur une bretelle d’autoroute, un routier qui se rendait à son boulot a été tué sur le coup….quel bordel !!! le Volvo, lui était garé un peu plus loin, il était lui aussi dans un drôle d’état…le chauffeur a fait deux mois de prison, nous n’avons plus jamais entendu parler de lui, c’est aussi bien comme ça.
Nous avons fait réparer le tracteur chez Volvo à La Courneuve. Après, c’est un chauffeur Turc qui l’a conduit, pendant deux ou trois voyages. mais Jacqueline en a vite eu marre de « son jouet », elle a préféré le revendre…à perte, depuis, il a été transformé en camion de dépannage, on le rencontre encore de temps en temps dans la région de Bâle.
Jacqueline, nous n’avons pas bouffé un sac de sel ensemble, l’aventure a duré sept ans, ça c’est terminé « précipitamment », j’aime pas que d’autres mettent mes savates, mais cela fait partie d’une autre histoire, et ça aussi, c’est aussi bien comme ça.
Mon premier voyage au Moyen Orient
Afin de rendre service à Jean Paul SAVARY , petit transporteur Vaudois, j’accepte d’aller rechercher un de ses camion remorque « abandonné » à Istanbul, c’était en Novembre 1969….le début d’une longue histoire, d’un long voyage, et d’une nouvelle passion….
En 1969, je travaillais comme chauffeur dans une maison de Transport de la Riviera Vaudoise , les Transports POULY de Vevey…je conduisais un Camion Remorque MAN, c’était un 10210, cabine avancée, sans couchette, boite à vitesse ZF 6 vitesses avec commande a étage, en levant le levier la 1 ère et 2°, au milieu, 3° et 4°, en pressant vers le bas, 5° et 6°, pas de relais, pas très puissant…avec 18 tonnes de ciment on devait mettre la première pour terminer la montée de « la Biôlle » près d’Annecy .
Une particularité de l’entreprise, était le fait que tous les camions étaient « transformables » très rapidement, ils pouvaient tous recevoir indifféremment pont ridelle bâché, citerne, ou caisse fourgon de déménagement…
A Vevey, il y a aussi l’ administration mondiale de Nestlé…de ce fait notre entreprise travaillait beaucoup pour ce gros client…principalement en déplacement mobilier des cadres de l’entreprise dans toute l’Europe…. donc, je faisais partie de cette équipe de chauffeur….polyvalents… déménageur, citernier, ou autres transports de matériaux, notamment en approvisionnement de ciment prompt de Cruas en Ardèche ou St Egrève vers Grenoble…le patron de cette entreprise, un homme de grand coeur, ouvert au dialogue et a l’écoute des autres, bon vivant….enfin super ambiance….
Donc un certain soir de Novembre 1969, mon copain Jean Paul, me téléphone, et me dit tout de go : Jean, j’suis dans la merde, ce salopard de … ??. à abandonné son Fiat à Istanbul, il a disparu avec le pognon que je lui avait donné…je sais que les clés sont dans le pare chocs, et que le camion se trouve sur un petit parking entre l’Aéroport et le Ferry…
Il faudrait que tu me rendes service et que tu ailles le rechercher labàs…. !! Bon, bon, rien que ça…mais bien sur, moi, je travaille chez Pouly, je veux bien en parler à Mr Fauchère, mais tu sais je ne peux rien présager de sa réponse….alors, rappelle moi demain soir…. mais moi, dans mon for intérieur je suis très tenté par ce projet.
Le lendemain, j’explique le coup à mon patron… qui comme moi, croit a une absence d’une semaine au maximum, il accepte, avec la condition bien sur que ce soit à la charge de Jean Paul… ce qui va de soit…
Donc, le soir même, bonne nouvelle à donner à Jean Paul, tout est OK de mon coté, une valdoche, le passeport, et rendrez vous demain à l’aéroport de Genève Cointrin pour l’avion d’Istanbul…Jean Paul est là, il me donne le billet d’avion, et six mille francs Suisse (24’000 FFrs), et c’est parti.
Il fait nuit quand nous atterrissons à Istanbul, naturellement les taxis nous tombent dessus comme la misère sur le pauvre monde, pas très au fait de la langue locale, j’ai bien du mal de me faire comprendre…enfin, je change mille balles en Turkich Lira, et, après plusieurs tentatives d’explications…le sens de l’opération à venir commence à être compris…on se met en route, dans un énorme « dolmus » direction le Ferry, il a compris ce que nous recherchions, un camion remorque Fiat…premier trajet de plus de 20 Kms négatif, nous n’avons rien vu, second trajet….ha, ça y est il est là…tout au fond d’un genre de square de l’autre coté de la route …(Pas très loin du Londra Camping que nous connaissons actuellement) .alors bien sur, on s’approche, le camion est bien tourné en direction de l’ouest, donc pas de problèmes on va rentrer…
Le Chauffeur de Taxi très intéressé par tout ce mic mac reste là, je trouve les clefs dans le pare chocs, j’ouvre la cabine…un bordel pas possible à l’intérieur….les papiers ? ha ils sont là ! mais quoi ? des carnets de Tir ? alors ce n’est pas vide ! ! Je regarde mieux, en effet, le camion est encore plombé, et les carnets pour ou ?….c’est alors que je découvre toute l’histoire, le camion est en fait chargé de tuyaux en plastic destinés à un chantier de l’ Entreprise DUMEZ à Multan au Pakistan…cet enfoiré de Jean Paul…il m’a bien eu…..je me rends en conférence, je continue, ou je rentre….
Bof, pour moi, pauvre ignorant que je suis, Multan c’est pas loin d’ici, ne suis-je pas déjà à Istanbul, donc pas de problème c’est sûrement la porte d’ à coté… alors je continue… faisant quand même le tour du camion, je me rend compte que si l’aspect extérieur est correct, les pneus arrière eux par exemple ont eu la « pelade », le profil « slick » genre tête à Barthez me fait immédiatement comprendre la motivation du « salopard » qui a abandonné le camion….enfin on verra bien, Jean Paul m’a quand même donné six mille Francs Suisses, non ?
Donc maintenant il s’agit de mettre en route « l’ usine », dans ce modèle de Fiat, le capot du moteur s’ouvre à l’intérieur de la cabine…ha oui, j’ai pas dit, c’est un Fiat 619 direction à droite, deux essieux directeur, du solide quoi comme les mille pattes qu’on voit en Italie, alors après avoir fait un minimum de « ménage » avec l’aide du chauffeur de « Dolmus », le capot levé on procède aux vérifications minimum…et test de démarrage…..que t’chi, y veut rien savoir l’ bestiau….alors d’abord voir s’il y a du carburant, il y a , ensuite, purge….mais les outils ?….alors mon nouveau copain Turkich opère…en quatre coup de cuillère à pot, ça démarre, putain comme ça tourne rond ces Fiats…
Bon alors on va pas coucher là…donc je décide de passer le Bosphore tout de suite, le « collèga » m’aide, nous arrivons à l’embarquement…il m’indique pour prendre le billet, je lui file son royal Bakchich, il n’en finit pas de remerciements, il a sûrement plus gagné avec moi en deux heures que pendant toute sa semaine de boulot avec le « Dolmus », et enfin j’embarque, le spectacle très nouveau pour moi, est magnifique, toutes ces lumières, cette agitation en pleine nuit, fantastique….Arrivé de l’autre coté, il est au moins deux heures du matin, alors, coup de barre oblige, je me met en position de repli….une petite place dans tout ce tohu-bohu, on verra le reste quand il fera plus jour…
La suite se passe plutôt bien, je ne suis pas vraiment tout seul, il y a des Anglais, des Suisses Allemand, pas vu de Français , des Bulgares, des Hongrois, je vais de découvertes en découvertes, le Bolu, Ankara, Sivas, Erzincan, Dogubaïzit, Bazargan, Marand, Zandjan, Téhéran…bof, rien de bien spécial à raconter, sinon que je dois bien vite m’adapter aux conditions de circulation locales, qui n’ont rien à voir avec celles de nos régions….le Fiat tourne comme une horloge, avec les dix tonnes qu’il trimbale, il vole littéralement « de trou en trou ».
Coté bouffe, bien sur, plus rien à voir avec le « Disque Bleu », heureusement mon « prédécesseur » avait quand même prévu la chose….il y avait des cassoulets, n’en veux tu n’en voilà… je complète le garde manger avec les produits locaux, Yémurta, Ekmeck, Pénir, Bira, etc…
Le Mack en perdition au Tahir (Turquie)
Loulou Bonfils, était un chauffeur qui avait une très bonne réputation dans les milieux des Routiers Suisse, le connaissant de longue date, et alors que j’étais devenu « Patron », je me suis rapproché de lui, afin de le convaincre de venir travailler avec nous.
Il avait un petit handicape physique, il boitait…mais cela ne l’empêchait pas de faire très bien son travail, chose dite, chose faite, je l’embauche donc pour conduire le nouveau Mack V8 que j’avais acheté quelques mois auparavant, c’était en 1976, je lui ai fais faire le premier voyage à Téhéran en double avec Jean Louis, notre autre chauffeur, tout se passe bien…
A la suite de ce premier voyage avec Jean Louis, il part avec le Mack charger 20 tonnes de Whisky à Londres, et c’est le départ, seul cette fois…seul c’est un grand mot, car sur cet itinéraire, il y a toujours quelqu’un pour rouler de concert avec vous, ça a été le cas ce voyage là, il a fait « la route » avec un chauffeur « Borcard » qui avait lui un Volvo F89.
C’est déjà l’hiver qui commence en Turquie, la neige fait son apparition, bien équipés, nos deux chauffeurs n’ont pas de problème de ce coté là, par contre d’autres, des chauffeurs Roumains avec de vieux Unic n’ont rien du tout, alors naturellement dans les montagne de l’Est de la Turquie , pour eux c’est la vraie « galère », et bien sur, ceux qui se trouvent derrière doivent attendre qu’ils dégagent enfin la route…, c’est ce que font Loulou et son accolyte .
Mais voilà ça a duré longtemps, le « cirque » Roumain, alors nos deux lascars se sont couchés, en laissant naturellement les moteurs tourner au ralenti…le froid de la nuit a fait le reste, le gasoil a gelé, les moteurs se sont arrêtés…et la galère a ainsi commencé pour eux aussi….
Pas habitués à ce genre de sport, ils n’ont pas su réagir tout de suite, ce n’est que le lendemain matin, qu’ils ont « tenté » de remettre en route les moteurs ; mais bernique, les batteries ont rendu l’âme rapidement, alors que faire …, ils m’ont dit par la suite avoir été pris de panique, ils ont tout simplement abandonnés les véhicules.
Revenus en « Stop » jusqu’à Erzinkan ou les Transports Chapuis de Lyon avaient installé une base dans un hôtel du Pays, c’est de là qu’ils m’ont téléphoné pour m’avertir de ce qui se passait, aussi bien pour Loulou que pour son copain le chauffeur Borcard.
Mr Borcard, est le patron d’une Agence Volvo dans le canton de Fribourg en Suisse, nous nous connaissons bien, alors nous décidons que ce soit moi qui parte en voiture, avec des batteries neuves, et tout ce qu’il faut pour remettre les véhicules en marche.
Ma voiture une vieille Lancia est très fiable, elle est très bien équipée avec pneus à clous, chaînes, enfin tout ce qu’il faut pour la montagne. Ma compagne décide de m’accompagner, alors c’est parti. On roule pratiquemment non stop jusqu’à Ankara, nous y récupérons Jean Louis qui rentre de Bagdad, et nous voilà parti pour l’est. Dès le départ d’Ankara c’est la neige continuellement , nous arrivons à Kirikkale, là on doit mettre les chaînes à la voiture, alors on roule doucement, surtout qu’il y a très peu de visibilité avec la neige qui tombe à gros flocons. Malgré tout, nous trouvons quand même pas mal de circulation, en fin d’après midi, nous arrivons enfin à l’hôtel Omür de Erzincan…Naturellement, les « explications » ont un caractère très « tendu », d’autant plus que ces deux « baizenenets » ont « une ardoise » confortable à l’hôtel.
Le lendemain nouveau départ pour aller retrouver les camions, mais nous n’y parvenons pas dans la journée, nous dormons à Erzurum. Le lendemain après avoir réussi à mettre en route la voiture (elle n’a jamais ingurgité autant de Start Pilote de sa vie), nous arrivons enfin au Tahir. Les deux camions sont ensevelis sous une épaisse couche de neige, les bâches sont intactes, les plombs aussi, (ouf) mais la cabine du Mack est restée basculée, est pleine de la neige qui est rentrée par l’orifice du changement de vitesses, ce jour là, nous n’avons fait que « peller « pour dégager les camions, il est 2 heures de l’après midi, la nuit arrive déjà, alors repli général sur Erzurum, demain sera un autre jour….
Le jour suivant pareil scénario, nous arrivons sur place vers dix heures, ma compagne est préposée à la confection intensive de café et de casses dalle, et nous, nous commençons par faire du feu sous les carters , peut être un peu trop…(on va voir pourquoi plus loin), on installe le « réchaud » sous le réservoir, on fait fonctionner le « brûlot », on remet les batteries neuves, et on teste le démarrage, dire que ça part du premier coup c’est pas vrai, mais au deuxième, avec un peu de »vitamines« pas de problème, ça tourne.
C’est parti…..seulement…en examinant les manomètres, je me rend compte qu’il n’y a pas de pression d’huile, et pareil, pour l’air, bizarre…non ? Rien ne coule dessous, on a contrôlé l’huile, alors quézaco… c’est seulement au bout d’un moment que je réalise que le feu sous le carter a « cramé » les tuyaux plastic, celui de l’huile et celui de l’ air, donc nous ne repartirons pas encore ce jour là, le Volvo lui, pas de problème, un coup de surcharge, une bonne giclée de Start Pilote, ça fume, mais ça part…, donc après cette dure journée, retour à l’hôtel d’Erzurum
Le lendemain, je me met à la recherche de raccords à olives pour réparer les tuyaux, du moins celui de l’air, rien du tout, ils ne savent même pas que ça existe… alors, c’est un tourneur qui nous prépare des raccords, à la bonne dimension,, des serflex, du ruban adhésif, mais voilà déjà le soir qui approche, alors, on verra demain…
Comme nous n’avons pas trouvé de « super » pour la Lancia , et qu’elle doit se contenter d’ordinaire Turque, elle manifeste donc son indignation en faisant la forte tête, il faut la pousser pour qu’elle daigne enfin démarrer, mais ça pas de problème il y a du monde pour regarder et pousser, nous arrivons enfin vers les camions, je monte avec difficulté les raccords de fortune, je bride solidement tout ça.. Et, miracle, ça marche…ouf, le reste n’est plus que formalité, c’est moi qui prend le volent, ça ne patine même pas un quart de tour, ça y est on est sorti de la « gonfle » comme on dit en Suisse.
Nous décidons d’accompagner les camions jusqu’à la frontière d’Iran, nous y arrivons tard le soir, heureusement il y a un « hôtel », il fait si froid dans la chambre que nous couchons tout habillé, ce soir là, pas de câlin géant avec la copine….d’ailleurs elle est fâchée, il parait qu’on met trop de Whisky dans le café.
La vie reprend son cours normal, C’est Jean Louis qui part pour Téhéran, il en profitera pour faire à son compte deux voyages « sauvages » Téhéran Bandar Abbas, mais il a quand même fait réparer les circuits d’air comme il faut.
Nous, nous rentrons, toujours avec les chaînes à la voiture, elle ont cassé deux fois, on les a fait ressouder, mais on est quand même arrivés tranquille à Ankara, là on a chargé la voiture dans le MAN de Jean Louis, et nous sommes rentrés en Suisse sans problème, bien entendu il était hors de question pour Loulou de repartir, cependant, quelques mois après, un autre collègue l’a embauché pour un voyage à Kuwait, là il y est resté, il a fait un infarctus, la grande route ne lui convenait sûrement pas, cependant c’était un bon chauffeur…mais en Suisse seulement.
Autre chose, savez vous combien m’a coûté cette aventure ? Eh bien très cher, et tout ça par la faute de deux « Baizenenets » et de deux pauvres chauffeurs Roumains mal équipés, mais qui, malgré tout, sont quand même arrivés bien avant nous à Téhéran, eux.
Tempêtes de neige en Turquie et en Iran
Pays aux contrastes importants selon les saisons, l’Est de la Turquie et l’Iran vont carrement d’un extrême à l’autre. Une chaleur insupportable l’été, et un froid glacial l’hiver. Aussi en hiver, il n’est pas rare que des chutes de neige très importantes paralysent le trafic routier complètement.
A l’époque de nos voyages, les moyens mis en œuvre pour le dégagement des routes étaient bien médiocres et bien souvent, nous avons fait les frais de cette médiocrité. Nous pouvions rester plusieurs heures ou même plusieurs jours, bloqués par la neige et les congères dans une longue file de camions, autobus et voitures.
Cela m’est arrivé, en Iran, je suis resté bloqué 4 jours complets à attendre que la situation se normalise un peu, mais …n’en est t-il pas de même en France à présent, les camions sont systématiquement bloqués dès qu’il y a 5 cm de neige (sic) .
Pendant ces 4 journées, le moteur n’a cessé de tourner, par contre il ne faisait pas assez froid pour avoir des ennuis avec le Gasoil gelé. Les congères se formaient tout autour des camions qui se trouvaient ainsi ensevelis, bon nombre n’ont pas pu repartir tant la neige s’était amoncelée autour d’eux.
Chaîné en quinconce sur les deux essieux arrière, chaque matin je faisais ma « trace » sur quelques mètres, il ne faut surtout pas serrer le frein à main, ça gèle, on ne peut plus repartir, sans l’intervention du « Brûlot »
L’Armée et la Police patrouillaient quand même continuellement, et il est à noter qu’ils s’arrêtaient auprès de chaque camion, pour proposer du pain, de l’ eau, des sardines , etc… Dans ces cas là ; il vaut mieux avoir le garde manger bien garni.
Malheureusement, bon nombre de véhicules vont au talus, il y a les gonflés, les inexpérimentés et les non équipés, alors bien sur pour les grandes maisons de Transports, comme Willy Betz ou autres Bulgares, ils ont des services de dépannages prêts à intervenir, mais les petits, ils doivent se débrouiller par eux-mêmes, si ce n’est pas trop grave, en demandant qu’on les tirent, autrement les moyens locaux ou les occasionnels.
Les occasionnels, c’est comme ce convoyeur d’une auto grue Allemande, il allait livrer la machine en Iran, mais tout le long de la route, il «dépannait » à tour de bras, il n’était pas trop cher mais il s’est fait un pognon fou avec ça.
Jusqu’au matin ou il a voulu remettre sur la route un container, peut-être le froid, toujours est il que la flèche de la grue a cassé net…allez expliquer ça au patron…
En prison au Koweït …
Il était coutumier que nous fassions les visas pour le Kuwait à l’Ambassade du Koweït de Belgrade, pour cela, nous nous arrêtions dans un Motel situé à l’entrée de la ville de Belgrade.
Là, pas indispensable de nous déplacer pour aller à l’Ambassade nous même, un chauffeur de taxi Yougoslave, spécialisé dans ce genre de démarches, faisait cela très bien pour tous ceux qui faisaient appel à ses services, on lui remettait les passeports, de l’argent, il faisait le reste, avec bien sur à la clé le règlement de ses prestations.
Cette fois là, il revient au bout d’un moment, en nous annonçant qu’ exceptionellement, ce n’était pas possible de faire les visas, à Belgrade, mais qu’il n’y avait pas de problèmes pour les obtenir à la frontière, donc on y va comme ça.
Pour ce voyage nous étions deux camions, un affrèté, Bernard avec son vieil UNIC, moi même avec le MACK, ma compagne Jacqueline faisait elle aussi partie du voyage, elle avait l’habitude.
Seulement, arrivé à la frontière, autre chanson, comme nous n’étions « pas marié » elle ne pouvait pas recevoir de Visas…problème, problème, problème ! Que faire, il n’y a même pas un hôtel à cette douane en plein désert… alors nous prenons la décision de la cacher dans la couchette pour passer le poste de garde de la sortie….
C’était sans compter sur la perspicacité de la police, car ils ont bien du se méfier du coup, ils m’arrêtent, un policier monte dans la cabine et découvre immédiatement Jacqueline dans la couchette….(on a été con, on aurait du la faire monter dans un autre camion), mais enfin ce qui est fait est fait, alors bien sur, le cirque commence pour nous, interrogatoire, pourquoi on a fait ça… au bout de quelques minutes, le chef de poste me dit que nous allions partir pour Kuwait avec un Policier avec nous dans la cabine, ok ok, nous voilà partis.
Une centaine de Kms plus loin il y a une sorte de grand bâtiment genre fortins, le flic me fait signe d’entrer dans la cour avec le camion, nous descendons. Il me prend les clés et nous sommes dirigés dans un bureau climatisé ou un chef de la Police nous reçois très courtoisement, thé de rigueur, verre d’ eau fraîche. Comme le soir arrive, nous avons droit à un repas, poulet/riz, il n’y a pas de fourchette, alors je demande à aller en chercher au camion, ce qui est accordé, ils ne remarquent même pas que j’ouvre le camion avec le double…
Nous mangeons, le chef m’explique que nous allons dormir là « jusqu’à demain », ils nous dirigent alors vers la cour intérieure, ou sont disposés tout autour, des cellules. Celle qui nous est dévolue, ressemble à un « boitton » (nom Suisse pour désigner une écurie à cochon), bien entendu je m’insurge séance tenante, ils en réfèrent au chef, alors ils procèdent à un nettoyage en règle de l’endroit, tout ceci à grand renfort de désinfectant, pour finir ils nous font entrer..nouvelle polémique, il y a un matelas dégueulasse, alors ils le changent…ça y est on est enfermé. Pendant la nuit, les gardes viennent souvent « zyeuter » par la fenêtre, des fois qu’on mettrait à profit le nouveau matelas pour faire un monstre câlin…on n’a pas trop le cœur à ça et puis il fait trop chaud, et ça pue trop la pisse et le désinfectant.
Le lendemain, retour dans le bureau du chef, ouf, il me permet de téléphoner à Kowait, j’appelle le Gérant du Golden Beach, un Libanais qui parle Français, il parlemente avec le chef, une proposition est faite, il va envoyer un taxi conduit par un Kowaiti, il sera responsable de Jacqueline, le temps que nous ayons un visa pour elle….. Super, ça se passe comme prévu, son « mari » kowaiti viens la chercher et la conduit au Golden Beach, moi, on me rend les clés et je peux partir sans problème…
Aussitôt arrivé à l’ hôtel, je me met immédiatement en rapport avec le Consulat Suisse afin qu’il nous appuie dans nos démarches à faire. Nous avons rendez vous le lendemain matin au Consulat, quand soudain, en fin d’après midi, une jeep de police s’arrête devant l’hôtel, les policiers demandent Jacqueline, et tout de go, lui disent qu’elle est expulsée du pays séance tenante, ils me demandent de l’argent pour le billet d’avion, je dit que je n’en ai pas. » ça fait rien on fera sans » répondent t’ils…Donc tout se précipite. Malgré tout, en lui disant au revoir, je lui glisse discrètement mille balles suisses dans son corsage, naturellement elle pleure, elle a une trouille bleue, et moi, je ne suis pas tranquille non plus…
Les poulets, l’embarque dans la jeep ou il y a déjà un gaillard qui est expulsé lui aussi, la jeep démarre. Avec Bernard et le « mari » Kowaiti, nous emboîtons le pas, direction l’ aéroport, ça va très vite, la jeep roule directement sur le tarmac, les deux « passagers » sont débarqués de la jeep, ils montent l’échelle de l’avion, nous avons juste le temps de les apercevoir lorsqu’ils entrent dans le Boeing d’ Air Liban, car c’est au Liban que va l’avion.
J’apprendrai la suite le lendemain, Jacqueline est arrivée à Beyrouth, elle a couché à l’hôtel de l’aéroport pour attendre l’avion Swissair du lendemain matin. Elle vient d’arriver à Genève, elle me téléphone depuis l’aéroport de Cointrin, elle ne pleure plus, elle dit qu’elle a fait un voyage super, enfin, tout est bien qui finit bien.
Heureusement que j’ai pu lui donner du pognon en douce, car si l’état du Kuwait a payé le billet Koweït Beyrouth, après c’est elle qui a du acheter son billet pour Genève.
c’est comme cela que ça se passait …
Prélude à un voyage
Cet après midi, livraison chez Mobel Pfister à Shur du dernier chargement effectué à Téhéran : 70 Balles de Tapis Iraniens ; le poids moyen d’une balle étant approximativement de 220 Kg le poids du chargement est de 15400 Kgs, le dédouanement a été effectué ce matin au « Freilager » de Zurich, retour à vide à Rivaz, c’est là qu’est ma maison ….. Un tas de papiers m’attendent, le service au camion doit aussi être fait, et puis la famille, bien sur….alors pour quelques jours…break…….
Jour H – 1
Tout ayant une fin , il faut reprendre le collier….téléphone à Multisped pour un chargement pour la Grande Bretagne , De Vriees, l’affréteur de Multisped me rappelle vers le soir….chargement demain matin à 9 h30 chez Ciba Geygy à Bâle, des produits chimiques pour leurs dépôt Londonien….
Alors on prépare le sac…les provisions, car a quelques exceptions près je mange presque toujours dans le camion, je suis très bien installé pour cela, Frigo, Camping Gaz, Réserve d’eau, coffres aménagés pour matériel et nourriture, etc.
Jour J-6 De Rivaz (Suisse) Perthes (France)
A 6 heures du matin c’est parti, un café pris vite fait au Relais Routier de Morat, à 9h30 comme prévu la remorque est a quai chez Ciba, le camion est a coté, le chargement est effectué par le personnel de Ciba, a 11 heures c’est terminé, les plaques Oranges sont ouvertes alors direction la Frontière …Bachgraben, c’est le nom de la Douane Suisse , Saint Louis, celui de la Française.
Là, un transitaire s’occupe des papiers, le transit se fera sous couvert d’un T2, la douane Suisse contrôlera le chargement et plombera le camion et la remorque, tout cela prend un certain temps, et ce n’est que vers 4 heures de l’après midi que je peux prendre la route.
Le Ferry chez Townsend Thoressen à Calais est retenu pour demain soir 18h30….alors direction Colmar, le Col du Bonhomme, St Dié, roulé ce soir là jusqu’à Perthes….
Jour J-5 De Perthes (France) Douvres (Angleterre)
Après une coupure « réglementaire » re départ en direction de Chalon sur Marne, Reims, Laon, Arras et en fin Calais, j’y arrive bien avant l’heure, je gare le camion dans la file d’attente à l’embarquement, je vais chercher la carte d’embarquement et l’attente commence, le bateau est a quai, les tracteur de Townsend chargent les semis qui voyagent seules, ensuite c’est a notre tour, l’un derrière l’autre nous nous engageons sur la passerelle, les marins nous guident à la place qui nous est attribuée….eh quoi ?, ils mettent des chaînes au châssis du camion et de la remorque…..cela veut dire qu’il « fait gros temps »…..alors ça va pas être triste….
En effet, à peine sorti du port les effets de la tempête se font immédiatement sentir, une solution, se diriger vers le bar et après un ou deux « double » ça va mieux…le repas pris, nous avons droit a une cabine, un tout petit peu de repos fait du bien…..réveil par le personnel de cabine…breakfast …..Mais quoi, on n’aborde pas…….le bateau tourne en rond au large du port, plusieurs autre font de même, la tempête est trop forte pour pouvoir rentrer au port, alors ils tournent, ils tournent…..enfin vers midi, on pénètre dans le port, donc plusieurs heures après ce qui aurait du ètre l’heure d’arrivée normale.
Nous pouvons enfin sortir du bateau…..ça fait tout drôle de se retrouver sur la terre ferme…les hommes de quai nous dirigent sur les cabines de la Police d’immigration…nous remettons les fiches que nous avons remplies sur le bateau, contrôle des passeports, etc, c’est du sérieux chez les rosbif…ça rigole pas du tout….enfin ça passe, et c’est alors que nous pouvons nous garer sur l’esplanade de la douane…..ensuite…recherche du transitaire, d’emblée il me dit « Tomorow », ah bon, alors un p’tit tour au pub et dodo….
Jour J-4 De Douvres (Angleterre) Watford (Angleterre)
Relance à plusieurs reprise du transitaire, mise a quai pour contrôle de la marchandise, enfin vers le soir, je peu enfin sortir du port, et attaquer sans oublier de rouler à gauche la côte autoroutière qu’il y à immédiatement a la sortie du port.
Enfin arrivé vers London, suivre les indications North, Dartford tunnel, je dois attendre a l’entrée du tunnel, car étant en plaque orange, la police escorte le camion pour le passage du tunnel (a péage) direction M6 le dépôt de Ciba est à Wattford au nord ouest de Londres….bien sur quand j’y arrive, il y a longtemps qu’il n’y a plus personne, alors, re dodo sur le parking du dépôt…
Jour J-3 De Watford (Angleterre) Oxford (Angleterre)
A 8 heures le gardien me fait rentrer dans la cour du dépôt, mise a quai, et déchargement entrecoupé de plusieurs « the times », enfin c’est vide…entre temps j’ai téléphoné a mes amis ASTRAN, Mr Paul m’à dit d’aller charger pour Téhéran des machines à laver chez Hovver à Marthur-Titfil, et ensuite de venir complèter chez eux à Addington près de Mainstone dans le Kent.
Marthyr-Titfil, c’est un bled perdu en plein Pays de Galle…j’y arrive le soir….là contrairement aux autres de Ciba, ils m’attendent…le chargement commence aussi tôt, mais c’est pas des violents….et puis ils y a souvent des « the times », enfin il faut quand même bien que je fasse ma coupure, non ?
Jour J–2 De Oxford (Angleterre) Calais (France)
A l’ouverture du dépôt d’ Astran, le lendemain matin, je suis devant la porte….Mr Paul, m’explique que le camion qui doit venir d’Ecosse avec le Whisky que je dois charger n’est pas encore là alors il faut attendre….
Astran est en fait une maison de transport relativement petite pour la somme d’affaires qu’elle brasse, c’est très convivial, en fait il n’y a pas grand monde pour gérer tout ça, au bureau les deux patrons, un affréteur, et deux dactylos, c’est tout, sur le quai….et bien croyez moi, un seul homme pour conduite le fenwick…les chauffeurs donnent la main et quand ça ne suffit pas Mr Paul un des patrons n’hésite pas à tomber la veste pour aider (et dire que c’était un docteur, marrant non ?) À midi pour « lunch times » tout le monde patrons compris se retrouve au Pub du coin….les pintes le « lager » y vont bon train, même les nanas ne crachent pas dessus…des durs ces britishs…
Astran roule Scania, le parc se compose d’une dizaine de véhicules pas plus, mais par contre autant d’affrétés, dans les années 1970/1975 nous étions donc une vingtaines d’ensembles, par la suite ce chiffre a un peu augmenté, une agence s’est même crée à Garonor …
Donc tout ça pour passer le temps en attendant que mon chargement arrive, il arrive enfin, les machines a laver sont chargées sur deux couches, il reste un espace d’environ 80 cm en faut, c’est là qu’on charge le Wisky, il faudra faire attention en roulant, ça donne pas mal de ballant…le poids total du chargement est de 18 tonnes 500, pour un Scania 110 super, c’est de la rigolade…
Le prix du voyage est fixé à 12’000 Sfrs, Mr Woodman, le second patron me remet le solde du voyage précédent, et la moitié de ce qui est prévu pour ce voyage là, donc je suis plein de pognon…je le planque…et je vous dirais pas ou… na !!
Etant immatriculé en Suisse, je dois établir les carnets de TIR au départ de la Suisse , donc une fois chargé, départ en Direction de Douvres…la le transitaire à déjà préparé le T2 pour les machines et le T1 pour le Wysky, ils sont établis à destination du Port Franc de Genève, c’est en effet de là que je partirai en TIR…
Re embarquement, la tempête s’étant calmée, la traversée est kool, le Duty free visité, Calais ne présente pas de problème, je roule un peu, mais panne de paupière oblige, je bâche vite fait dès que j’arrive au premier parking sur l’autoroute.
Jour J-1 Calais (France) Genève (Suisse)
Arrivé à Saint Julien Perly en fin de matinée, juste le temps de « faire la douane », de payer les 20 Sfrs de surcharge, et d’arriver au Port Franc avant Midi….là ma femme vient me chercher, j’ai du boulot…écrire les carnets de TIR, commencer a dépenser tout ce beau pognon qu’on m’à donné, donc aller a la banque, au bureau de change de l’Aéroport, en effet, le change en Lira Italiennes, Dinard Yougoslave, Levas Bulgare, Turkisch Lira et Rials Iraniens est très avantageux, et puis il vaut mieux avoir des dollars ou des Deutschemark que de la monnaie Suisse, alors je fais le plein des différentes porte-monnaies que j’ai pour chaque pays à traverser.
Jour J De Genève (Suisse) à Ivréa (Italie) Départ du Voyage
Mon épouse me reconduit à Genève, je « fais la douane », ce qui veut aussi dire « mettre en TIR » je repaye les 20 SFrs de surcharge, je sort du Port Franc juste avant midi, cette fois les « gabelous » Suisse ne m’ont pas trop emmerdé…avec ma femme nous prenons notre dernier repas avant le « grand » départ à la Brasserie Feldschlossen de la route des Jeunes.
Re contrôle avant le départ de tous les documents : Passeport, Photos pour la Turquie , Certificat de Vaccination, carnets de passage pour le camion et la remorque, carnets de TIR (20 volets+1) 4 carnets pour le retour (toujours 2 en plus au cas où), manifeste, factures, CMR, pognon, enfin tout, coté bouffe, c’est au super market d’Aoste que je complèterai … et c’est parti…..
Il est 14 h30, Perly, douane Suisse de sortie, 5 minutes, Saint Julien douane Françaises guère plus, alors départ direction le tunnel du Mont Blanc, la douane Française de sortie s’effectue à l’Autoport de Cluses, il y a beaucoup de camions…ceux qui vont en Italie bien sur, mais ceux qui vont aussi au Moyen Orient, il y a des Stouff’s en pagaille, et un tas d’autres, on n’va pas ètre tout seul sur la route…aie aie aie…bonjour l’attente aux douanes…..
Vers 19 heures départ de l’ Autoport, direction le tunnel…passage du tunnel, un simple contrôle au tunnel et c’est la descente sur l’ Auto Porto d’ Aosta, mais il est de nouveau l’heure becter, alors arrêt chez « Tina » pour ce faire, la « meute » me suis de près, je me place de manière à pouvoir sortir facilement du parking, et puis on fait honneur aux pasta,chanti grappa et tout quanti de « Tina », et dès que possible, repartir avant les autres de manière à avoir une bonne place sur le parking de l’ Aotoporto, les courses en vitesse au supermarket, la douane, le « doctor » plus ou moins sympathique ou plutôt antipathique le capo qui vient vérifier les plombs, et c’est fini on peu partir…pas très loin, car la fatigue se fait quand même sentir….vers Ivréa, je déclare forfait….
Jour J+1 D ‘Ivréa (Italie) à Ljubljana (Yougoslavie)
Le minimum possible de repos, et c’est reparti, le parking est plein de collègues…pas tous bien garés…il y en a même jusque sur la bande d’élancement sur l’autoroute, enfin ça passe, alors, c’est l’essentiel….Santia, Novara, Milano, Brescia, Verona, Padova, Montfalcone, Fernetti, là c’est la douane de sortie d’Italie, il est 17 heures, ça a bien marché…l’intérêt, pour moi, c’est de rester toujours devant la « meute »…si la plupart sont des « non violents » il y en a quand même quelques uns qui prennent un peu plus a cœur leur boulot, alors on n’est quand même pas mal à passer en Yougo ce soir là.
Sézana c’est le nom de la douane, ça va vite, la Slovénie est très jolie, et c’est encore un peu la mentalité de chez nous….ce soir là je dors sur le parking d’un motel avant Ljubljana…
Jour J + 2 De Ljubljana (Yougoslavie) à Sofia (Bulgarie)
Départ de bonne heure comme a mon habitude, pas encore beaucoup de « lignards » en route, seulement des camions Yougo, il y a beaucoup de petits camions, mais aussi de grands Milles pattes Fiat qui se traînent, en adoptant les méthodes locales, on arrive quand même à doubler, alors Zagreb, Nova Gradiska, Slavonski brod, Belgrade, Nis, ce qui fait que vers le soir je ne suis pas très loin de la frontière, c’est Dimitrograd coté Yougo et Kalotina coté Bulgare, je ne passerai pas ce soir….et bien si, je suis passé….comme il n’y avait pas de place pour me garer, j’ai attendu que les premiers camions partent, et j’ai tout simplement avancé en doublant toute la file pour prendre une de leur place….j’ai présenté mes carnets , mon passeport, en moins de deux c’était fini…
Alors comme j’étais le premier de la file, j’ai avancé jusqu’en Bulgarie…là encore c’était juste, mais ça a passé, re passeport, re carnet, un peu de change (pour donner le change hi hi hi) en 20 minutes les deux douanes étaient passées…heureusement que j’ai fais comme ça, la « meute arrive, alors eux ce sera pour demain matin….ce qui me permettra d’ètre à Kapicule avant tout le troupeau….et ceux d’aujourd’hui, je vais bien en doubler encore quelques uns, non ?
Quelques Kilomètres plus loi, la station avec la dame pompiste…mis 600 litres , avec des levas « suisses » du chocolat « suisse » aussi…ce soir là, j’ai été dormir au « chalet Suisse » juste après Sofia….mais je vous assure, même pas bouffé, pas besoin de me bercer, très très fatigué le papy….
Jour J+3 De Sofia (Bulgarie) à Kapicule (Turquie)
Pendant la nuit, une « pétasse » locale, n’a rien trouvé de mieux que de taper a ma portière, pour savoir si des fois, je n’avais pas besoin de ses services, rien qu’au ton de ma réponse, elle a tout de suite compris que c’était non….ça m’a tellement fâché d’avoir été réveillé en sursaut, que j’ai eu bien du mal à me rendormir…oh et puis merde, je ne peux plus dormir, alors autant partir….un peu après Plovdiv, un gros policier Bulgare agite sa palette au milieu de la route, je stoppe, il me dit que je roule trop vite, il me demande 5 levas, sans quittance bien sur….
Ce sera tout pour cette traversée de la Bulgarie , j’arrive à Dimitrovgrad la frontière de sortie de Bulgarie, il y a une petite colonne seulement, pas de quoi fouetter un chat, ça passe vite, me voici a Kapicule, en Turquie…..un énorme parking, il y a des centaines de voitures et de camions de toute sorte, ces véhicules sont « séquestrés » pour toute sorte de trafic divers…il y a parmi eux, un Volvo F88 Suisse, le patron chauffeur est en Prison, il parait que lui, c’est trafic d’armes….ah bon !!.
Je me gare tant bien que mal dans l’une des allées prévues pour ça, le terrain est boueux, c’est deg au possible…pas tellement de WC (même a la turque) dans la région, alors le sol est parsemé de « mines », ils faut slalomer dur pour se rendre à la cabane du déclarant en douane, d’emblée il me dit : Mister, tomorow, ok collèga, tomorow inch allah….la « meute » ne m’a pas rattrapé, et moi j’ai même doublé la « meute » de hier…..
Alors direction la « trappe » d’à coté, là en effet, je retrouve bon nombre d’amis, qui eux aussi attendent tomorow…il y a ceux qui vont et aussi ceux qui reviennent, des Anglais, des Suisse, des Français, des Allemands, mais pas beaucoup de Bulgares, de Turcs, de Roumains, de Hongrois, eux ils pompent dans leur camions, les Turcs du tchai, les autres de la vodka ou du whisky, qu’ils ont acheté en Bulgarie juste avant la douane….en effet il y a plusieurs Dutyfree qui se sont installés, avec paiement en devises bien sur… dans ce « bistrot » local, c’est un mélange incroyable, chacun parle sa langue naturellement, alors ça donne un bruit de fond assez particulier, ça fraternise sec, c’est super, on se raconte ses conneries, tout le monde est content….alors un « chiche-kebab » et 5/6 bira plus loin c’est un gros dodo, très bienvenu celui là…
Jour J+4 (De Kapicule Turquie) à Istanbul (Turquie)
Pas besoin de se lever trop bonne heure, mais quand même, je profite de ce matin calme, pour approfondir un peu la toilette, ça avait été assé négligé jusque là, et avec les bibines de hier soir la barbe a bien poussé alors gillette oblige…petit dej…passage sous la remorque pour poser « sa mine du matin » et aller se rendre compte de la situation auprès du transitaire….ce n’est pas moins d’une cinquantaine de carnets de TIR qu’il a déjà sur son bureau…et il y a beaucoup de transitaires…..quel bordel….il faut attendre, heureusement le transitaire d’Astran a été « conditionné » il est très motivé…..alors vers midi, c’est presque fini….la taxe est payée, le passeport tamponné, les carnets de passage et de TIR sont a la signature….
La chose à faire a présent, c’est de se rapprocher de la sortie….le plus discrètement possible, bien sur…. une fois de plus le flair du « vieux crabe » fonctionne….car le problème une fois que vous avez les papiers finis, c’est de pouvoir sortir, et en étant tout devant, vous êtes presque sorti, non ?
Ca y est, j’ai les papiers, je slalome un peu moins car devant la douane, c’est quand même pas possible qu’il y en ait qui « se posent » là, c’est pas convenable…comme je sui presque à la barrière, je n’en ai pas pour longtemps pour me retrouver sur la route d’ Edirne…je longe une longue file de camions de toutes nationalités qui attendent pour entrer dans le parking dans le sens retour…., c’est une longue file qui se forme alors derrière moi, ça double tant que ça peut, et tant que la Polisi ne voit rien, c’est de nouveau la chasse, pour arriver le plus vite au Londra Camping et avoir une bonne place….car il y a du monde qui suit, je vous assure.
Babaeski, Lüleburgaz, Corlu, merde….la R12 des flics j’y ai droit encore un coup, mais 500 TL sans facture et un paquet de Marlboro, et c’est reparti, Silivri, au bord de la Mer de Marmara, et enfin le Londra, le Londra est situé bien avant Istanbul, j’y arrive assez tôt pour faire le « servisi », ce qui veut dire lavage graissage.
Ensuite, pareil que la veille, on retrouve les copains à la cafétéria, non pas cette fois là, c’est dans la salle de restaurant ou il y a des attractions que nous allons « souper », c’est chouette, il y a un super orchestre, des danseuses des chanteuses, tout ça c’est un peu exotique pour nous, mais ça change…le « sarap » coule dur….pas besoin de cachet pour dormir…..demain journée ou on a intérêt à ètre très attentif et je dois m’arrêter à Bolu pour poser un autre coffre que j’ai commandé lors de mon dernier voyage….
Sortie laborieuse du Londra, des cons de Bulgares bloquent la porte, ils sont allés payer le parking, alors il faut attendre qu’ils reviennent, pas trop long quand même, bien qu’il ne soit que 5h30 du matin la circulation en direction d’Istanbul est démentielle, des camions, des bus, des taxis, un affreux tohu bohu, on se croirait sur le périf parisien discipline en moins…..enfin la croisée de l’autoroute, à droite Istanbul, à gauche le Pont sur le Bosphore….là ça va déjà un peu mieux, mais un gros bouchon juste avant le pont….alors calmus mec…enfin les choses se tassent, je suis de l’autre coté…
La circulation est très importante et difficile, il faut faire très attention, il y a ceux qui traversent la route sans regarder, les ânes, les bus qui te déboîtent juste sous le nez, les taxis qui te font des queues de poisson pour s’arrêter, les chauffeurs de bus grande ligne galonnés qui se croient tout permis, enfin plein de gâteries comme ça, la première fois ça surprend un peu, v’savez….heureusement tous ces « étrangers » comme nous, ne s’en sortent pas trop mal, il y en a qui ont eu des accidents certes, mais dans l’ensemble, tenant compte de ce style de circulation c’est plutôt positif
Juste avant Izmit, il y a un « contrôle polisi », il faut s’arrêter pour viser les carnets, sinon problèmes à la sortie, il y a ainsi trois ou quatre contrôle à « faire » , la route est assez bonne , nous passons à Dûzce, c’est une région de cultures maraîchères, arrivé à Bolu, je m’arrête pour poser le coffre sur la remorque, c’est très bon marché, ils sont super ces carrossiers Turks, le travail est vite fait, c’est reparti, on attaque le Bolu, c’est un col en lacets qui grimpe pas mal, là il faut quand même avoir de la cavalerie….le 110 s’en donne a cœur joie, ça double dur, les Berliets de la Somat , les Saviems de la Stouff , de la VIT , y a que les Volvo’s qui peuvent suivre…. Ensuite descente sur Ankara…juste après l’Aéroport et sur la gauche il y a la Station Mobil et l’ Omür Hôtel, c’esl là que je m’arrêterai ce soir, de nouveaux copains sont là, j’en rattrappe tous les jours, et il y a ceux qui rentrent et quand même ceux aussi qui « marchent » aussi bien que moi….demain, les choses sérieuses vont commencer…..
Jour J+6 De Ankara (Turquie) à Erzurum (Turquie)
Avec Dick un Anglais d’ Astran qui roule sur un Scania 110 comme moi, et Marcel, un Suisse de Wutrich qui lui roule avec un Volvo F88, nous décidons de faire la route ensemble, Dick roulera devant, ensuite Marcel, et moi, je fermerai la marche, il est 8 heures 30, ont complète le plein de Gasoil et on reprend la route, a quelques kilomètres de là un carrefour a l’entrée d’Ankara, à droite direction Adana et l’Irak, à gauche direction la mer noire, la route de Téhéran, nous tournons à gauche… changement radical de paysage, autant les plaines entre Istanbul et Ankara sont verdoyantes, autant ici, ça devient aride et désertique.
Et la route ?, déplorable, des trous, les cotés non goudronnés sont très dangereux car dix bons centimètres plus bas que le bitume, donc à redoubler d’attention, la circulation par contre est beaucoup plus parsemée et fluide….bien sur on croise pas mal de camions « Européens » qui rentrent, de bus, et de camions locaux, c’est pour la plupart, des Desoto’s ou des Bedford’s, bien souvent chargés très haut et très large…ils ont tous une plaque sur le toit ou il est écrit « Massahalla » (à la grâce de Dieu), nous ne sommes doublés que par les Bus (Mercedes OM333) à chauffeurs « galonnés », ils font des lignes avec horaires très serrés…
Corum, Amassya, Sivas, Erzincan, Erzurum, c’est l’étape du jour, un ou deux arrêts rapides seulement, juste pipi, p’tit coup à boire et hop…, beaucoup de stations services ont aménagé à la hâte des parkings, un petit « restau » s’est naturellement installé juste à coté, alors nous profitons de ces aménagements rudimentaires, mais quand même très pratiques, et surtout c’est « gardé » pour quelques Liras, alors dormons tranquille, demain on part de bonne heure.
Jour J+7 De Erzurum (Turquie) à Marand (Iran)
Comme le col du Tahir n’est qu’à une centaine de kilomètres, et qu’il n’est pas indiqué d’y arriver trop top le matin, ceci a cause de la route qui a gelé la nuit, nous partons à huit heures, vers 11, nous passons sans difficulté ce col, tout en lacets, mais pas très pentu, un p’tit arrêt au sommet, car là, il y a le dépôt de le DRE locale, on leurs donne toujours quelques paquets de cigarettes, on boit le tchai avec eux, ils sont content, ils nous connaissent, et en cas de problème on peut au moins compter sur eux pour nous aider, nous continuons notre route, en direction de la « Turkie hududut » sur notre gauche nous découvrons une superbe montagne enneigée, c’est le Mont Arara, ( 5165 mètres ) c’est là que serait l’arche de Noé, des savants disent qu’on la voit sous une énorme épaisseur de glace, nous n’irons pas contrôler leurs dires…
Il est 5 heures du soir quand nous arrivons à Dogubaïasit , c’est le nom de la frontière Turque, ça se présente comme une sorte de fortin dont la moitié est Turque et l’autre moitié est Iranienne, beaucoup de contraste entre ces deux parties, la Turquie , presque pas de lumières, et l’ Iran tout illuminé, un mur de séparation intérieure avec barrière permet le passage entre les deux parties….coté Turque, c’est gardé par des militaires, il y a le drapeau, et la cérémonie au drapeau matin et soir, la relève de la garde est elle aussi spectaculaire, genre Buckingham Palace, coté Iranien il n’y a personne, c’est plus discret…..une sorte de porte voûtée permet l’accès et la sortie du fortin de chaque coté, des « parkings » sont installés des deux cotés du bâtiment .
Bien sur nous restons stationnés sur le parking « Turque » une nuée de gamins nous aborde pour nous proposer a la vente plein de produits locaux, tels que ekmek, yémurta, bira, on doit déployer pas mal d’énergie pour s’en défaire, ils sont très « collants », ils grimpent sur le marche pied de droite, se tiennent au rétro, c’est chiant, alors pour lutter un peu la contre, on met de la graisse à la poignée de droite, et au support du rétro, ça les calme un peu…
Enfin, nous parvenons a arriver à la « Gümruk » « faire » les papiers, ça va relativement vite, une demi heure tout au plus, et nous pouvons entrer dans la cour intérieure, le planton de garde à la barrière contrôle si les papiers sont « déchargés », surtout le passeport, car en plus des documents tels que carnets de passage et TIR les camions sont inscrits sur le passeport, il y a aussi la feuille de transit avec la photo dans le coin, c’est cette feuille de transit qu’on doit faire pointer à différents lieux de passage… pour nous, donc c’est en ordre, il lève la barrière et on peut passer coté Iranien…
Bazargan, c’est le coté Iranien, c’est plus simple et plus compliqué à la fois…. Après avoir contourné la statue du Shah, les camions vont directement se garer a l’extérieur, si vous arrivez vers le soir, vous avez la chance de trouver une place assez près du bâtiment de la douane (fortin), mais si ce n’est pas le cas, vous devez descendre la route jusqu’à ce que vous trouviez une place…cela peut aller jusqu’à plusieurs centaine de mètres, nous avons de la chance, il y a des places presque tout en haut…l’inconvénient c’est que ce n’est pas plat, alors pour dormir, ce n’est pas très confortable…et puis, il y a toujours ces « mines » qu’il faut éviter, car niveau toilette c’est loin d’ètre au point
Une fois garés, nous allons donc à la douane, d’abord, la police, on remplit une fiche comme dans les hôtels, ensuite le guichet d’à coté, il y a au moins une pile de 20 cm d’épaisseur de carnets de TIR, les nôtres sont placés tout au fond de la pile, il va y en avoir pour un bon moment…il est à noter que aussi bien les policiers que les douaniers, sont très avenants et travaillent calmement, c’est un assez gros contraste aussi avec leurs homologues Turcs qui sont plutôt « bourrus »… il suffira donc de revenir de temps en temps voir ou ça en est, mais pour ce soir, je pense que les « carottes sont cuites », enfin on verra bien….
Donc direction le Bar Restaurent, c’est un bâtiment construit sur une butte, pas mal pour un endroit pareil…il y a de la bière iranienne, de la vodka, du chappattis, du kebab, du riz, du coca, et du tchai, c’est très différent de la Turquie ….là nous retrouvons naturellement bon nombre de copains et aussi d’autres routiers, c’est pas cher, alors même les Bulgares y viennent…c’est la grande fraternité….c’est chouette….
Et bien non, je me suis trompé, en croyant que nous ne sortirions pas ce soir, il est 20 heures trente (locale car une heure de plus que les Turks)….le miracle du « petit billet vert » a quand même fait effet, nos six carnet de TIR sont prêts, les Carnets de Passage aussi, on récupère tout ça, et nous voilà repartis.
Comme il est arrivé par le passé que bon nombres de chauffeurs, soit « distraits », soit inexpérimentés partaient sans « faire la douane », les Iraniens ont donc du installer tout en bas de la côte une barrière de contrôle gardée, (j’ai souvent remarqué, des camions qui passaient tout droit, tout juste si les chauffeurs ne nous narguaient pas et qu’on revoyait remonter quelque temps après « la queue entre les jambes »…et en plus ils étaient signalés aux collègues du haut, alors après ça, j’vous dit pas l’attente pour eux…..).
Donc pour nous trois, ça baigne, nous voilà partis, la route n’a plus rien avoir avec le coté Turque, ici, c’est un billard, nous traversons les gorges superbes juste avant d’arriver à Mako, il est à signaler aussi que Mako est situé a une trentaine de Kilomètres de l’Arménie et qu’il existe une ligne de chemin de fer, entre Erevan et Tabriz.
A la sortie de Mako, la DDE Iranienne à installé une Bascule…..aussi n’est t’il pas rare de voir des camions stationnés a proximité, ils attendent une opportunité pour décharger leur « surcharge » c’est pas évident du tout, hein, Monsieur Fridérici ? Pour nous qui passons là ce soir, il n’y a personne, alors tant mieux, et puis de toute façon, on ne craint rien, on est dans les normes, alors ….
Avant Marand, il y a une sorte de Motel, nous appelons cet endroit « Les chameaux » car allusion est faite au gros troupeau de chameaux qui est toujours à brouter l’herbe rare dans la périphérie du motel, nous arrivons, pour nous cette journée se termine là…il est presque 23 heures, demain, nous serons arrivés à Téhéran.
Jour J+8 De Marand (Iran) à Téhéran (Iran)
Partis vers 9 heure ce matin, nous sommes arrivés à Marand, là, il y a des douches municipales super, alors on s’arrête toujours pour faire un brin de toilette, car, en effet, depuis le départ, à part une seule fois, le reste du temps, les ablutions ont été bien sommaires, ici, c’est tout carrelé, c’est propre, c’est de l’eau chaude a volonté, ça requinque….
Bon, on ne va quand même pas s’éterniser, alors une petite heure après, c’est reparti, la route est magnifique, entre Marand et Tabriz, il y a un petit col à traverser, mais c’est de la rigolade à coté du Tahir….on contourne Tabriz par un périphérique, il longe un terrain d’aviation de l’armée Iranienne, ils ont des zings Français des Mirages, il y a aussi de gros hélicos, enfin ils ont un sacré matos ces gens là…y a du pognon…
Ensuite la route entre Tabriz et Mianey est toute sinueuse, il y a des tunnels, des gorges, on longe une rivière, il y a de nouveau beaucoup de circulation, beaucoup d’ Iraniens en plus de tous les étrangers comme nous autres, les camions,les bus, les taxis, enfin il faut faire très attention, surtout aux Macks Iraniens qui coupent les virages, dans les tunnels , bien sur on allume les codes, mais eux, ils font veilleuses, grands phares, t’en prend plein la gueule pour pas un rond, il faut bien reconnaître qu’il y a pas mal d’accidents…disons très graves….les épaves en font foi
Mianey Zanjan, c’est pour moi, toujours un souvenir quand j’y passe, c’est l’à que j’ai manque de griller une veille de Noël, enfin aujourd’hui, il ne fait pas froid comme l’autre fois, le gasoil ne va pas figer, nous arrivons à Zazvin, ici, un croisement important, il y a ici la route qui va sur Hamadhan, Kermamshah et Bagdad, alors à partir d’ici le trafic est encore plus intense.
A Zazvin, il y a aussi un excellent Motel… bouffe traditionnelle Iranienne (bof), ou bouffe traditionnelle Européenne, on mange là, ça va quand même nous requinquer un peu et nous changer de nos boites habituelles…
Une grande ligne droite qui n’en finit plus nous conduit de Gazvin à Karaj, nous sommes presque arrivés, car en fait pour nous, qui devons aller à la « Nouvelle » douane, il ne nous reste que quelques dizaines de Kilomètres a parcourir, cette « nouvelle » douane a été crée en plein désert, elle est située à une vingtaine de Kilomètre avant Téhéran, on ne peu pas la louper, ça ressemble à un immense parking, des centaines de camions y sont garés…..tous regroupés plus ou moins par Nationalité, les British ensemble, les Suisses, les Allemands, les Français itou….les Iraniens et les Turques, les Bubu’s, les Hungaro’s, les Roumains eux aussi…enfin il y a du monde…..
Les bureaux de Douane sont a proximité…..comme à Fallouja en Irak, un ou deux point d’eau, et pour le reste débrouillez vous….ah, non, ils ont quand même construit « le mur des lamentations »……c’est les WC à ciel ouvert, sans rien d’autre comme mur ou portes, alors j’insiste pas, mais c’est quand même à voir au moins une fois… alors tu vois les mecs, selon leur confession partir soit avec leur petit broc d’eau, soit avec leur rouleau de papier….vu l’odeur, tu reste pas longtemps, t’as pas besoin de lecture, tu « benne » vite fait, j’vous assure…il faut quand même dire que les mouches y trouvent leur compte, elles restent, elles.
(Il est a noter que ceux qui prennent leurs femmes ou leurs copines, c’est pas rien pour elles, ce n’est pas recommandable pour les « chochottes », il faut des sportives , et tout l’attirail nécessaire pour « faire cela » « dans la cabine » et ça, j’vous jure, c’est pas triste du tout…..pour la p’tite commission, ça va encore, mais pour la grosse, c’est tout un cirque…..faudrait voir l’travail…..
Bon, c’est pas tout ça, j’ai perdu le fil, ha oui, on est donc arrivé tous les trois, nous on est resté ensemble, de toute façon Dick, ne voulait pas aller vers les autre British, ceux qu’étaient là, des sales cons il parait, ha bon !
Bien sur il est presque nuit, il n’y a plus personne, alors on établi le camp de base, entre deux camions, coté coffre naturellement, table de camping, camping gaz, pliants, baladeuse, nous avons la visites de ceux qui nous connaissent et qui sont là depuis plusieurs jours, les nouvelles circulent, le Wiski et la bière aussi…..voilà ça fait juste 7 jours que j’ai quitté Genève, je suis dans les temps…à demain les gars…
Jour J+9-10-11 Teheran
Ce matin de bonne heure, Ayoub est venu discrètement chercher papiers , Ayoub, est Arménien, il parle relativement bien plusieurs langues dont le Français, il est chauffeur de Taxi, mais s’est spécialisé comme le déclarant officiel d’un tas de boites et de chauffeurs, Fridérici, Stouff, Astran, pour ne parler que des plus grosses boites, et puis bien sur tous ceux qui veulent utiliser ses services…..en fait il se fait des »couilles en or », car il demande pour sa prestation 100 DM par camions…bien sur il a des frais…
Il doit distribuer de nombreux bakchichs ….mais quel gain de temps dans le processus de dédouanement, ceux qui trop économes ou comme les Bubus ne prennent personne doivent patienter très longtemps pour ètre « servis », avec Ayoub, c’est bien rare si dans la même journée ce n’est pas fini….la douane termine a 14 heures alors vu le nombre de camions qu’il y a aujourd’hui, ce n’est pas évident du tout…..
Cependant, moi avec mon wiski, je dois aller vider à l’ancienne douane, aussi je suis accompagne pour le transit par un douanier, cette ancienne douane est située tout au sud de Téhéran, c’est une énorme cour entourée de hauts mur, surmontés de grillage et de barbelés…genre camp de concentration, dedans cette un amas impressionnant de machines et de véhicules divers, camions, voitures machines en tout genre, et bien sur le local spécialisé pour les alcools, c’est là que je dois aller…..nous y arrivons avec mon ange gardien, bien entendu je ne pourrai pas rester dans le camion pour passer la nuit, je dois aller à l’hôtel, alors je prend un taxi direction la Pension Suisse.
La Pension Suisse , n’a rien de Suisse que le nom, mais c’est bien quand même, les patrons, des Iraniens parlent bien le Français, ils ont d’ailleurs une maison dans la vallée de la Loire , La Pension Suisse est situés dans les hauts de Téhéran, alors il faut bien compter une heure et demis de trajet en taxis pour venir de la vieille douane, la circulation est démentielle, anarchique, le taxi, une « Pékan », c’est une Renault R12 made Iran est orange et blanc comme tous les taxis de labas, le chauffeur est très sympa, il parle un peu anglais, il m’explique tout ce que nous voyons, il fait une chaleur étouffante , le siège recouvert de housses en plastic transparent colle au cul et au dos, la musique iranienne déverse ses flots à tout va, le chauffeur klaxonne toutes les dix secondes, il tape sur sa portière avec son bras, il rigole, fais des queues de poissons, enfin, le délire complet….c’est une expérience à ne surtout pas manquer….
Ouf, enfin arrivés, direct dans la chambre, une douche….ça va mieux, il y a déjà pas mal de copains qui sont là, pas les deux avec lesquels j’ai fait le trajet, mais d’autres, plusieurs Suisses, des Allemands, seulement un Français, Michel, qui a un Mercedes camion remorque et qui roule pour une boite parisienne, et un Belge, qui viens de Liège avec un petit Mercedes 608 capitonné, il apporte du matériel de haute précision, eux aussi ont leurs véhicules a l’intérieur de l’ancienne douane.
Je téléphone à Mr RANGY, le correspondant Astran, il me dit qu’il a pris contact avec le client pour le Wiski, il va falloir attendre qu’il ai réuni les fonds pour payer la douane, espérons qu’il ferra vite…mais il est a peu près sur que j’en ai pour deux ou trois jours…..bon, on ne vas pas se prendre la tête avec ça, on verra bien….pas de soucis à ce faire, Mr RANGY, va venir me chercher ici quand ce sera prêt à décharger…alors cool mec…
Bien sur, il n’est pas question de rester cloîtré dans la chambre, alors nous sortons, il y a plusieurs sujets de balades, bien sur, le « Bazard », l’ avenue Ferdowsi, les « champs Elisée » de Téhéran, et puis plus haut la patinoire dancing… l’hôtel Hilton et son bar, et puis le soir « l’ Ambassy » avec ses jolies entraîneuses et pour les amateurs, le « simétri » , c’est le genre de maison que Marthe Richard à fait interdire en France…..il y a aussi des Cinéma parlant Français et Anglais, on trouve France Soir de la veille dans bien des kiosques, enfin on ne se fais pas trop chier (moi qui ai eu l’occasion de visiter l’Iran de 1969 à 1980, je puis dire que c’était un pays formidable et que malheureusement le régime qui a pris le pouvoir en 1980 à détruit tout ce modernisme et a replongé le pays plus de cent ans en arrière)
Comme prévu, ce matin vers 7 heures Mr RANGY, est venu me chercher, vers 9 heures nous arrivons a la douane, d’autre collègues sont arrivés, si bien qu’il faut un peu « jouer des coudes » pour arriver a ce mouvoir dans tout ce tohu bohu, les machines sont dédouanées, mais le Wiski reste ici, une équipe procède au déchargement, pas de problème, le compte est bon….il est midi bien sonné quand je parviens à sortir de la douane….direction le dépôt d’ASTRAN, ce n’est pas très loin, on arrive devant une voûte permettant tout juste le passage du camion, une vielle femme a ouvert la porte, je rentre en avant….pareil qu’à la douane, un barda infernal dans cette cour cependant très grande…et pour retourner, comment faire ?, on doit décrocher la remorque, je tourne le camion juste, et ensuite avec un vieux tracteur agricole, on arrive a tourner la remorque…..les « ripeurs » locaux se mettent au travail, le reste de la journée y passe,
Le soir enfin je sort de la cour, je suis vide, je retourne au parking de la « nouvelle douane ».j’y arrive sans trop de difficultés…demain matin, je vais aller récupérer mes carnets « apurés » chez Mr RANGY, il a télexé à Addington, j’aurai le programme de la suite demain …en attendant je retrouve mes copains, Malcel à vidé lui aussi, il va rentrer à vide, et Dick est en train de le faire,,, de nouveaux venus viennent d’arriver, c’est une partie seulement de la meute Stouff qui viens d’arriver, je leur ai mis 5 jours depuis Kapicule, le reste est sûrement perdu ou en panne le long du parcours, on verra ça en rentrant, hein ?
Jour J + 12 de Téhéran (Iran) à Bazargan (Iran)
Toujours avec notre amis Ayoub, je vais chez Mr RANGY, il me remet mes papiers, les Carnets « apurés » les CMR signés, nous en faisons photocopie, et je met les originaux dans une enveloppe à destination d’ Astran Addington, ils en ont besoin pour se faire payer par leurs clients, alors plus vite c’est là, plus vite il y a le pognon, la lettre partira par avion aujourd’hui même, après demain ils l’ont en Angleterre, moi, je garde la feuille verte et la photo copie de la blanche….
Alors Mr RANGY, me montre le message d’instructions pour Dick et moi, Dick, recharge du groupage ici même à Téhéran et moi, je vais charger des noisettes à Giresun, au bord de la mer noire, j’ai déjà fait ça, c’est bien comme boulot, c’est des noisettes à destination de « Rowntree Mackintosh Ltd » à YorK en Grande Bretagne……bon alors plus de raison de traîner ici…..en selle papy….
Alors mouvement inverse, retour au « Parking », un p’tit tour « au mur de lamentations » et c’est parti, direction Bazargan, direction l’ouest… Marcel et le Belge reviennent avec moi, du moins jusqu’à Sivas en Turquie.
Toujours autant de circulation, mais à vide on a de « la pêche » pour doubler, nous arrivons dans la nuit à Bazargan…mais là, en effet on n’est pas tous seuls, la colonne sur deux files est considérable, plus de deux kilomètres, alors il va falloir prendre patience……en fait ce n’est que le lendemain que nous passons….
La douane Iranienne illuminée, un coup de tampon sur le passeport et les carnets de passage, la douane Turque obscure, tampon du passeport, photo sur la feuille de transit, tampon des carnets de passage, c’est parti quand même, mais là ce n’est plus le billard Iranien, c’est a nouveau les sauts de trous en trous, la poussière, et tout ce que nous avons trouvé a l’allé.
Jour J+13 Bazargan (Iran) à Giresum (Turquie)
A Amasya, je quitte mes deux copains, je tourne a droite en direction de Samsun au bord de la mer noire, une fois là un paysage magnifique s’offre à moi, le littoral est superbe, ici, c’est principalement la culture et l’arboriculture, des vergers immenses remplis de noisetiers, je longe la mer noire sur une centaine de Kilomètres et j’arrive a Giresun, il est bientôt midi, là une grande « fabrikasi coopérative » avec l’inscription « findik », (findik=noisettes) c’est là que je charges, le sous directeur est un jeune Turc qui a travaillé en Allemagne, il parle donc très bien l’allemand, ça aide, et puis je les connaît, je suis déjà venu ici…
Cette coopérative reçois toutes les noisettes des petits producteurs de la région, il y a des stocks immense, une armée de femmes et de jeunes filles sont occupées au tri de tout ça, il y a le calibrage, la casse des coquilles, le re tri des noisettes, l’empaquetage….tout ça beaucoup manuellement, c’est une vrai ruche…
Mon chargement, est en train de se préparer, c’est des sacs en jute de cinquante kilos, alors là aussi il faut rester zen, c’est long, il y en aura pour deux jours,
Giresun est aussi un port de pêche, il y a pas mal de camions qui viennent charger, pas beaucoup de camions frigo, parce qu’il n’y en a pas encore, mais de simples fourgons, ils chargent le poisson en y ajoutant de la glace, et de là ça part dans toute la Turquie , il y a aussi une fabrikasi de sardines…on n’à qu’à suivre les mouches pour la trouver…c’est simple…
Giresun est très fière de son équipe de foot, ils sont dans le championnat Turque, les joueurs viennent tous les jours manger dans le restaurant de l’usine, ils ont une grande table réservée, ils ont beaucoup de discipline, pas un mot a table, ils mangent en silence, c’est presque une organisation militaire…ce n’est pas les braillard de l’OM ou du PS ou même de Sochaux…..
Jour J+ 14 – 15 Giresum (Turquie)
Enfin le camion est chargé, les carnets de tir ont été remplis sous mon contrôle par mon pote le sous directeur, selon les instructions que j’ai reçu, je dois passer par l’Autriche, l’Allemagne, la Belgique , j’embarque à Zeebrugge pour Felixtow, ensuite, il va chercher le douanier, un p’tit vieux moustachu, il plombe les portes du camion et de la remorque ainsi que les plaques TIR, il a naturellement au préalable compté les sacs, ensuite il tamponne tous les volets des carnets de TIR, il rempli les deux premières pages et détache celle qu’il garde, l’autre sera pour Kapicule, il vise ma feuille de transit, il boit au moins dix tchai, fume au moins 20 cigarettes en après avoir tout recontrôlé encore une fois, il se fait reconduire à son bureau sur le port….la journée va ètre finie pour lui, il va pouvoir aller retrouver ses copains au café du coin, ils l’attendent pour la partie de carte….et les palabres du jour… sympa ce vieux bonhomme…
Moi, je part un p’tit bout, avec mon pote sous directeur, nous avons quand même pas mal « festoyé », alors je me trouve un petit parking tout au bord de la mer, un p’tit tour sur la plage, et dodo, la vitre baissée, le bruit des vagues berce mon sommeil, c’est plus du travail ça, c’est des vacances, non ?…
Jour J+16 De Giresum (Turquie) à Ankara (Turquie)
Ankara, les copains, la douche, le téléphone à la famille en Suisse
Jour J+17 De Ankara (Turquie) à Kapicule (Turquie)
Départ matinal pour Istanbul, le Londra ? Même pas, direct sur Kapicule, c’est mieux d’y arriver de nuit, premièrement il y a moins de « polisi » en position de guets et ensuite moins de camions dans la file d’attente à la douane…et toujours pareil, en regardant bien, on risque de trouver des trous dans la file d’attente, et c’est toujours cela de gagné, non ?
En effet, je trouve une place , juste mais suffisante presque à la porte, il n’y a que deus camions Bulgare devant moi, les Bulgare, eux, c’est drôle, mais ils passent plus vite que nous la douane, c’est une question politique sûrement…car il ne faut pas oublier qu’il y a beaucoup de camions Turques qui vont aussi en Europe, alors en faisant des faveurs aux Bubu’s, ils espèrent en avoir pour eux aussi….c’est de bonne guerre.
Jour J+18 De Kapicule (Turquie) à Plovdiv (Bulgarie)
Bien raisonné cette nuit, j’entre du premier coup dans la cour de la douane, du coup je retrouve « les mines », les trous, les flaques, la saleté du parking, et la populace douane/transitaires avide de notre pognon… donc mouvement inverse, ça va plus vite qu’à l’allé, à midi, je suis prêts à sortir, je sort donc de Turquie, à l’entrée en Bulgarie, il y a un bassin ou tous les camions passent impérativement, ce bassin contiens du désinfectant, en plus de cela, il y a deux bonnes femmes qui pulvérisent le châssis et le bas de la caisse….ensuite on arrive dans la cour de la douane Bulgare….là, bien sur change « bidon » obligatoire, passeport, carnets de Tir, tout va très vite, et c’est la sortie, on retrouve les pavés de Svilengrad, les Dutyfree…je vais dormir près de Plovdiv, à Plovdiv, il y a un garage de la Somat , il y a plein de Berliet 250 en révision, ils repeignent les véhicules, sans beaucoup se préoccuper du camouflage, c’est dingue le j’men foutisme de ces gens là !
Jour J+19 De Plovdiv (Bulgarie) à Rubin (Yougoslavie )
Départ matinal, casse-croûte à midi au « chalet Suisse » il faut faire attention au Pinard qu’on boit, car labas ça ne rigole pas avec l’alcool, et puis comme il y a des espions partout, il faut se méfier des « vopos » ils sont bien renseignés ces salops là !
Re Station service juste avant la frontière de Kalotina, plus de chocolat, ni de bas, mais encore un paquet de levas, et en ajoutant un ou deux petit billets verts on fais le plein sans difficultés…la douane, quelques minutes, et c’est la Yougoslavie Dimitrovgrad , pas de problèmes non plus.
Il y a un motel juste après la douane…stop vite fait pour boire «une pivo»….et là chose étonnante, il y a les « putes voyageuses » qui attendent…..ce sont en fait de pauvres filles qui attendent les chauffeurs qui veulent bien les prendre avec eux pour traverser la Yougo , elle font la navette ainsi, comme cela elles ont nourries logées et naturellement baisées pendant un ou deux jours que dure la traversée…et ainsi de suite….bonjour la chaude lance…je laisse cela pour les affamés ….j’en connais pas mal….
Je continue donc sur NIS et en en direction de Belgrade, entre Nis et Belgrade, il y a un Motel, le Motel RUBIN ou la spécialité gastronomique est le steak tartare, ils font ça super, et il y a aussi du vin rouge excellant c’est du vin de la région de Kragujevac toute proche, j’y arrive la nuit est déjà tombée depuis longtemps, beaucoup de camions, il y a des camions Stouff avec chauffeur, et d’autres sans chauffeur…ceux là ont soit été abandonnés, soit en panne ou soit accidentés…..ça semble la fin des haricots pour cette compagnie qui semblait cependant florissante…..triste quand même tout ce matériel à l’abandon…mais enfin on ne vas pas s’apitoyer plus qu’il ne faut, hein ?, et qui je retrouve encore, le Belge et son 608, il fais la java avec les Stouffs qui sont là, alors un bon tartare avec tout le monde, un bon canon également, un bon dodo tout seul, et demain on verra…le Belge va continuer avec moi jusqu’en Belgique..
Jour J+20 De Rubin (Yougoslavie à Maribor (Yougoslavie)
Comme toujours, levé comme le coq, départ, matinal, mais ce matin c’est le brouillard, qu’elle purée de poids, cependant nous ne sommes pas en Angleterre que je sache…enfin en cherchant ma route dans le brouillard, le Belge fais du lèche parre choc derrière moi nous rejoignons Belgrade, comme d’habitude un petit PV/Rançon en sortant de Belgrade, ensuite Ruma, Slavonski Brod, Novska, Kutina, Zagreb, et direction Maribor, pas trop d’arrêts, sinon pour un rapide pipi, quelques 750 bornes aujourd’hui, c’est pas mal, j’en ai un peu plein l’cul, le Belge encore plus, nous n’insistons pas trop…nous callons juste avant la douane, dommage que de ne pas avoir pu y arriver…mais c’est mieux ainsi, que d’avoir un accident du à une panne de paupières, non ?
Jour J+21 De Maribor (Yougoslavie) à Liezen (Autriche)
La frontière se nomme Spielfeld, il y a beaucoup de camions mais surtout dans le sens allé, dans le sens retour, seuls des Autrichiens ? des Allemands, quelques British, des Bubus, des Turks, des Iraniens, enfin, le gratin habituel….la Yougo passe vite, mais l’ Autriche est plus chiante….et puis c’est l’inquisition, combien de Gasoil ?, et la taxe, et le transitaire pour les papiers, c’est beaucoup plus compliqué, mais faut ce qui faut, le Belge qui est vide, lui passe vite fait, il m’attend de l’autre coté, il en profite pour « mouiller la meule » en attendant….ce n’est que vers le soir que je peu enfin sortir, ce soir là nous allons quand même jusqu’à Liezen, une Goulache soupe, une ou deux gross bier, un apfelstrudel und gute nacht…
Jour J+22 De Liezen (Autriche à Augsbourg (Allemagne)
Am morgen frûh, schnell, sofort, il faut arriver quand même un jour, non, alors arbeit Kamarad Belge, nous arrivons l’après midi à Salzbourg Freilassing, là rythme express, en quatre coup de cuillère a pot c’est terminé, on a quand même bien cru avoir des problèmes quand la Polizei nous a demandé le disque de la veille, juste à la limite, Gut Gut ils ont dit, et on est parti, mais ici, va falloir faire gaffe…c’est plus la même, ici tout l’autoroute, alors on soutiens un rythme assé élevé, ainsi nous dépassons Munich, et dormons après Augsbourg, faut pas faire trop les cons ici.
Jour J+23 De Augsbourg (Allemagne) à Zeebrugge (Belgique)
Juste huit heures après notre arrêts, on décolle en direction de Stuttgart, Frankfurt, Aachen, Brussel et Brugge et enfin Zeebrugge, ici on roule tout sur autoroute, au maximum autorisé, en respectant bien les coupures, enfin des anges de conduite…Le copain Belge et moi se sommes quittés juste après la frontière Belge, il a rejoint Liège par la RN , pour lui ça a été beaucoup trop dur ce voyage, surtout en Mercedes 608, il ne retourneras jamais labàs dit t’il…même pour un million !!!
Donc moi, j’arrive à Zeebrugge, très , très juste pour le bateau de Félixtowe, je suis le dernier à embarquer, et a peine sur le pont du bateau, les portes se ferment, la passerelle recule, ils « attachent » le camion et la remorque avec des chaînes, ho là !!, enfin, j’ai juste le temps de prendre mon sac et de monter sur le deck, on sent le bateau frémir, c’est parti…..le chef de cabine m’indique la mienne ; une douche, se raser, se rendre présentable et enfin comme toujours dans ces cas là, le bar avec ses deux doubles, ensuite souper british, mais quand même avec vin rouge…et couchette….mais c’est que ça bouge, ça bouge même beaucoup, ho là, j’vais quand même pas dégueuler, non ?.. Ben si !!! Dans le lavabo…qui bien sur se bouche instantanément…mais j’ai trop mal pour penser à nettoyer…
Jour J+24 De Zeebrugge (Belgique) à York (Angleterre)
Au petit matin un steward, viens taper à la porte pour le breakfast …je me lève, j’y vais, ça bouge toujours, j’arrive dans la salle a manger, des œufs au plat….j’vous jure, le jaune se trimballe dans le blanc tellement ça bouge….rien que de voir cela ; j’ai de nouveau envie de vomir…je quitte précipitamment la table sous les yeux rigolards et narquois des stewards et des autres chauffeurs, je retourne a ma couchette, je n’en sortirai plus tant que le bateau ne sera pas à quai, et qu’il ne bougera plus… je ne sais pas combien de temps après…ça y est ça c’est calmé, nous sommes à quai, j’entend le déchargement à commencé, heureusement que je suis entré le dernier, je vais ressortir également le dernier…ça va j’ai le temps…
Enfin sur la terre ferme, je n’ai jamais été aussi malade en bateau que ce coup là…je donnes les papier au transitaire et retourne me coucher…tout le matin je suis resté couché, ça va nettement mieux à présent, je vais voir ou ça en est, ça va ètre fini, le contrôle sanitaire est fait, je vais pouvoir partir…c’est que York c’est pas tout près, il faut d’abord rejoindre la A 1 en direction du Nord, Ipswich, Cambridge, Sheffield, Leeds et enfin York….. Arrivé labas, pas de problème pour trouver l’Usine, déjà l’odeur, on sais qu’on est arrivé, et puis c’est tout a l’entrée de la ville, l’usine, il y a des panneaux réclame partout….ROWTRIES : le parking, le bureau d’accueil, le quai, les palettes, enfin deux heures après mon arrivée, c’est vide le CMR signé
Jour J+25 De York (Angleterre) à Genève (Suisse) Fin du Voyage
Voilà, c’est décidé, je rentre à vide jusqu’à Addington, j’y serrai demain dans l’après midi, ensuite mon copain Mr Paul me conduire à Heathrow, je prendrai le dernier vol Swissair du soir à destination de Genève, mon épouse viendras me chercher à l’aéroport de Coin trin, je vais prendre quelques jours de « vacances ».
Il y a tout juste 25 jours que je suis partis de Genève, j’ai effectué 12’850 Kms, tout c’est remarquablement bien passé, aucun problème mécanique, j’ai presque tout dépensé les 6’000 Sfrs (4’000€) que j’avais au départ, le camion à consommé 4’800 litres de Gasoil, moi ?….j’dirais pas…….
J’ai déjà discuté avec Mr Paul de la suite des opérations….je voudrais bien aller a Kuwait…..well, m’a-t-il dit, dans une dizaine de jours je reprendrai de DC9 de Swissair et ce sera encore une fois pour moi, le sujet d’une nouvelle aventure, elle est pas belle la vie ?
Voici Quelques photos de mes rencontres et de mes compagnons de route…
La belle carrière de Cherokee59
QRZ(surnom): Cherokee59
Date de naissance: 5/11/69 à Lille
Ville d’origine: Wambrechies(59)
Lieu d’habitation: Halluin(59)
Marié,
Chauffeur depuis 1988/ FDR depuis 2008
Différents types de transports: fret aérien, fret industriel,frigo,matériel chantier…
Marques favorites : celles qui me plaisent ethétiquement
Marques détestées : celles qui me déplaisent esthétiquement
Mes passions: ma famille , mon métier ,mon camion,New York
Citation: 1km à la fois, 1 heure à la fois
horizons lointains : Voici la carte d’Europe ou figurent les endroits les plus éloignés de chez moi ou je me suis rendu en camion:
Régensburg en Allemagne (en fret aérien avec seulement un moteur d’hélicoptère dans la semie)
Lisbonne au Portugal (récupération d’un décor de théàtre)
Heathrow à Londres (En fret aérien)
Middelfart au Danemark (Chargement de rolls de fleurs neuf)
Parcours :
LEP Marcq-en Baroeul
Tout à commencé durant mon passage éclair en lycée quand, à la vu de mes notes catastrophiques, il a fallut prendre rapidement une décision. Un peu comme tous les garçons ,j’étais attiré par les camions donc, grâce à ma soeur qui m’a aidé dans mes démarches ,je me suis approché d’un lycée professionnel pour les futurs routiers. Au bout d’une année de CAP mécanique, j’avais l’âge requis pour entrer en section routier. Et comme par miracle ,grâce à la motivation, la persévérance, tout devenait clair dans ma tête : chauffeur était ma destinée ! C’était encore l’époque des anciens bahuts avec le SAVIEM SM240 et SM12 à double débrayage. Il y avait aussi un Renault JP11 et TB191, le plus récent était l’Iveco 135-17.
J’ai gardé un souvenir du LEP via mon carnet de conduite agrémenté à ma sauce qui m’a suivit durant mes 2 années de CAP.
Certes j’y ai appris les bases mais grâce aux stages en entreprise, j’ai pu voir réellement les tenants et les aboutissants du métier et ces à côtés. C’est comme cela que j’ai connu les transports Bailly (Bailly / Courouble aujourd’hui)qui allait devenir ma 1 ère vraie entreprise plus tard . Mais bon ,le CAP en poche(1988) ne suffisait pas, il me manquait cette satanée expérience qui à fait que j’ai dû attendre de l’avoir pour entrer chez eux. J’ai du faire alors appel à « Mr Piston » pour vraiment débuter ma carrière.
1 ère boutique : Transports Legrand à Capinghem (59) de juillet88 à juillet89.
Camion remorque tradi DAF 2100 : »’Tiens Bruno, tu prends ce camion et tu vas le livrer ! »’ Je n’avais jamais conduit ce genre d’engin !! J’en ai chier ! Mais comme tout bon chauffeur qui se respecte, même novice, je ne me suis pas laissé impressionner ! J’ai mis le temps qu’il fallait et après plusieurs semaines, les manoeuvres ne me faisaient plus peur. J’y ai fais du transport de jouets avant d’être affrété par Gefco à l’usine ECIA (Faurecia de nos jours) d’Henin-Beaumont(62) pour des lignes sur Heuliez à Cerizay(79) et les usines Peugeot de l’EST ; du boulot bien tranquille avec une poubelle ambulante quand même mais j’avais rien à dire vu que je débutais. C’est que je devais être le énième chauffeur sur ce camion qui appartenait déjà à d’autres transporteurs avant Legrand et qui avoisinait le million de kms.
Au bout d’un an j’en ai eu marre de rouler chez eux (en même temps j’avais 15jrs de retrait de permis pour un feu rouge cramé qui a facilité ma décision…) donc je me suis rapproché de Bailly que je guéttais du coin de l’oeil et tout bonnement je m’y suis retrouvé pour de bon cette fois ci malgré l’arrivée imminente du service militaire en novembre89. En attendant mon costard kaki, j’ai pu mettre en pratique ce que je faisais quand j’étais en stage chez eux mais tout seul en l’occurrence du Anvers en régulier à bord d’un R310.
Une Histoire:
C’était quand j’étais chez Legrand, durant une descente chez Heuliez à Cerizay(79), tout allait bien jusqu’au moment de me poser pour la coupure de nuit à Chemillé(49). En effet , en montant la bordure du parking en face des abattoirs, j’entends comme des bruits de ferrailles qui claquent en dessous de moi; je me dis merde c’est quoi ?Je descends jeter mon oeil sans trop rien voir sur le coup, je remets en route pour refaire une manoeuvre et là rebelotte . Je m’allonge de ce fait dessous et je vois qu’il me manque un bout d’une lame de ressort coté chauffeur.Bon vu l’heure ,je fais dodo on verra demain…Au reveil je trouve une cabine et appelle le bureau en expliquant mes soucis; on me répond : »pas de frais sur la route, tu vides et t’essayes de remonter, on verra bien ». Me v’la reparti pas trop rassuré mais bon ; je vide mes pare-chocs et tableau de bords à Cerizay , et reprends les emballages vides sauf que vu mon problème de suspension, je me dis que je ferais mieux de charger que la remorque et rien dans le porteur pour le soulager de l’avant. Je repars donc de cette façon pour le nord sauf qu’en arrivant sur Angers, une pluie fine s’invite sur mon chemin et dans un léger virage en entrant en ville je tombe sur une circulation à l’arrêt devant moi ; surpris, je freine, dérape et donne un coup de volant vers la droite pour éviter les voitures . En faisant cela je me suis fait un joli porte-feuille ,tout seul comme un grand, en tapant la butte . Remorque dans le sens de la marche et porteur sens contraire côte-à côte et toujours attaché! Je reprends mes esprits en regardant les dégats et un gars me dit qu’il prévient les poulets .Mon premier reflexe c’est d’enlever les fanions et tout ce qui traine au pare brise car mon patron n’aime pas ça. C’est peut-être idiot mais je me suis dis que si des gens prennent des photos ou des journalistes en plus de me faire engeuler pour l’accident je me ferais engueuler aussi pour mes touches persos LOL.Bref les poulets arrivent , font un topo et me disent : »on va bloquer la route pour que vous remettez l’ensemble dans le bon sens ». Vu comment j’étais ,je leur dis que je vais abimer la caisse de la semi(qui en avait déja pris un bon coup)si je fais ça . Le flic me dit direct: »au point où ça en est, ça craint plus rien , tu fais ça et on t’escorte jusque chez Daf de l’autre côté d’Angers ». Je réussis tant bien que mal ma manoeuvre et me voilà sous escorte sirène hurlante pour traverser « discrètement » la ville : pare-chocs et phares défoncés des 2 côtés , le paquet de lame encore soulagé de quelques bouts , une flèche tordue qui fait avancer la remorque en crabe bref j’étais pas fier de moi. Arrivé au garage, on appel mon patron pour expliqué ce qu’il s’est passé . il fait un topo avec les flics qui me disent que je pourrais repartir que si la flèche, l’éclairage et la suspension sont réparés. Aprés discussions entre Daf et Legrand, le mécano de chez nous me dit: »Je prends la route avec un paquet de lames et une flèche, d’ici là le garage s’occupera de tes phares et demain quand j’arrive ,daf nous prêtera leur fosse et on montera les pieces à 2″. Je me prends une chambre à l’hotel tout proche et tente de me remettre d’une journée bien mouvementée. On a fini le lendemain en fin de journée et m’en suis reparti vers le nord sans encombres pour vider la marchandise chez ECIA à henin beaumont le lendemain au matin et rentrer tout penaud à la boite déposer le camion pour réparations pour récuperer son frère jumeau aussi vieillot que le mien . Je pensais me prendre une belle avoinée mais en fin de compte non ,le fait d’avoir prévenu que j’avais mon problème de lames m’a en quelque sorte dédouané quand il m’avait dis d’essayer de rentrer c’est ce que j’ai fait… peut-être pas comme je devais…
Service militaire au 525 ème régiment du train à Arras (nov89/nov90)
Grâce à une préparation militaire, j’ai pu choisir ce régiment pour rester dans le monde du transport (tant qu’à se faire chier, autant faire quelque chose de bien !!). Après avoir repassé le permis PL (Pas valable du civil au militaire) j’ai pu faire quelques missions de transport notamment les petits colis (messagerie) et surtout des transports de munitions qu’on amenait à Miramas (pour la guerre du golf). Et là, pas de blagues, ça ne rigolait pas, j’avais le pistolet automatique au ceinturon et ce n’était pas des balles en plastoc !! Là j’ai roulé avec des UNIC en porteur ainsi que des GBC sur lesquels je confirmais les bleusailles qui venaient d’avoir le permis. C’était un des privilèges que j’avais étant gradé !! On a eu aussi les TR 280 en semi qu’on a même du repeindre pour le défilé du 14 juillet avant de les voir disparaître devenus trop vieillots au profit des Renault G290 (appelés VTL )en camion remorque avec plateaux et caisses amovibles. Autant dire que j’étais un des rares à savoir les manoeuvrer donc j’ai servi de prof à pas mal de gars ! Quand à la fin du service le capitaine nous avait demandé ce qu’on pensait de l’année passée ,moi j’avais dit que j’avais perdu 1 an de salaire mais gagné un bon nombre de potes !
Transports Bailly (nov90/juil99)
Direct de retour dans le bain 2 jours après ma libération, j’ai remplacé 1 chauffeur sur un nouveau trafic : le fret aérien (alors là super boulot !) l’inconvénient, c’étais 7j/7j, mais bien quand même, 4 palettes avion dans une semi spéciale pour ça; rapide à charger, rapide à vider ! J’avais comme bahut un MAN 19.361, tout nu, sans rien avec une semi fourgon col de cygne avec ascenseur interne. Ensuite, quand le chauffeur est revenu, j’ai eu vraiment mon 1 er camion à moi : un MAN 19.361 blanc, déflecteur de toit noir avec webasto en+.On se partageait la semi cargo avant que j’abandonne le fret aérien.
Je commençais a fréquenter une nana qui est devenue ma femme aujourd’hui ,je ne voulais plus rouler les week-end.Pendant 9 ans se sont succédés tout types de transports ; en savoyarde, en plateau, en tautliner frigo et tautliner normale et au niveau des tracteurs quasiement que du MAN : Après le 19.361, j’ai eu un Daf 95 jaune couleur Mousset de Vendée (La boutique ayant fusionnée avec) toujours d’occasion. Je n’ai eu que 2 camions neufs ; 1 MAN 19.372 et pour terminer 1 MAN 19.403.
J’aurais bien aimé faire toute ma carrière chez eux mais la boutique prenant de l’ampleur, j’ai préféré m’en aller ne faisant que les basses besognes que les « nouveaux » n’arrivaient pas à faire et de ce fait j’y ai perdu le gout de rouler. En me faisant une liste de transporteurs que je voyais le plus souvent sur les autoroutes, J’ai trouvé EON et je me suis rapproché d’eux tout naturellement. J’avais de nombreux points communs avec eux; je connaissais beaucoup d’endroits où ils allaient en Belgique et au Pays-bas grâce au fret aérien et aux transports de fleurs que j’ai également fait sur la fin chez Bailly. Je suis allé les rencontrer lors d’un passage en douce sur Angers en mars/avril 99.Ils réfléchissaient justement pour embaucher un gars dans le nord pour réduire un peu la cadence de l’époque au niveau des heures.
une histoire:
Dans la vie, on a la chance de croiser des gens biens . Ceux de chez bailly , une bonne petite boutique gérée par Jacqueline Bailly et son fils (patron de nos jours); il y avait Annette au bureau qui m’appelait « p’tit père » puis une poignée de chauffeurs : Pierre, Claude,Marceau,Guy,Ghyslain+1 dont j’ai oublié le nom (quand moi j’y étais j’étais le 7ème)Durant mon CAP routier j’ai fait mon premier stage avec Pierre dit »Pierrot »et mon second avec Ghyslain dit »MG ». c’était une superbe équipe qui m’a pris en main pour m’expliquer ce qu’ils faisaient et le métier en général. Quand la journée se terminait, j’attendais la suivante avec impatience . MG a vraiment était un super coach pour moi ,les autres aussi, mais lui en particulier , j’ai découvert la cibie,les dédouanements ,débacher une savoyarde , bâcher un plateau ,plier des bâches,sangler etc… il me laissait faire les mises à quai parfois etc etc… Une nuit, on devait partir tôt pour Anvers,j’avais loupé le réveil.Il était venu en camion sonner à ma porte (j’habitais à 1km de la boite)comme je n’arrivais pas . Je m’en suis voulu toute la journée de l’avoir mis en retard . Mais le boulot du jour avait été fait quand même étant à 2 pour le faire.c’était génial! Quand j’ai quitté legrand, il me restait 4 mois avant l’incorporation militaire.En promenant mon chien devant chez Bailly ,en discutant avec Ghyslain qui été là, on est allé au bureau et en parlant de ma situation, il m’on dit : »ben écoute, si tu ne fais rien même si ton service approche ,on t’embauche jusque là , on a du boulot ». J’étais aux anges car en plus je récupérais le Renault 310 d’MG dans lequel j’avais fais mon stage . j’ai pû ainsi refaire ce que j’avais appris avec eux environ 1,5 ans auparavant c’était le pied total!! Durant tout mon service, je gardais un oeil sur Bailly(les ballades de mon chien étaient fréquentes dans le port de Wambrechies quand j’étais de repos ) , et quand le lendemain de ma libération je suis reparti avec MG en douce sur Anvers, lors d’un appel au bureau ,il a dit que j’était avec lui ; quand on est revenu à la boutique au soir,le fils Bailly me dis tu reviens demain mais en tant que chauffeur on te prend définitif . Autant dire que j’était ravi et fier comme jamais. MG, malgré mon départ de la boite 9ans plus tard aura été un mentor pour moi , on en aura fait des routes ensembles à la module . On s’est un peu perdu de vu moi, ayant pris une autre route. Son décès m’a profondément attristé, j’avais perdu mon maitre, je l’oublierais jamais …
Transports TLM (juil99/oct99)
Ras-le bol chez Bailly, pas de nouvelles d’EON, mon choix s’est finalement porté sur TLM après une semaine d’essai faite en douce pendant une semaine de congés. Alors là ! Le pied pendant 3 mois ; j’ai mis le paquet la première semaine pour montrer ce que je valais. récupération de l’ensemble chez un chauffeur pas loin de chez moi pour 1 tour d’EST avec 12 clients +1 tour d’Ardèche avec 2 clients et 1 tour LYON ; 3 tours départ du Nord pour 4800kms (Bon les disques on n’en parle pas évidemment !).La semaine suivante je récupérais un ensemble attitré un Volvo FH12 420
)Après j’ai adapté au maximum ma façon de bosser pour revenir dans les règles. J’y serais peut-être encore aujourd’hui si je n’avais pas eu un coup de téléphone d’EON fin octobre. N’étant pas au courant que je n’étais plus chez Bailly j’ai dû bien réfléchir et négocier pour enter chez eux.
TRANSPORTS EON (nov99/mars 2018)
TLM fini du vendredi, du lundi suivant un chauffeur EON est venu me chercher à la maison avec ce qui sera mon futur camion ; un MAN (et oui encore !) 19.463.
Mais à cette époque je ne le savais pas encore. J’ai fais du double toute la semaine pour me familiariser avec les clients dont je connaissais une bonne partie et depuis c’etait l’éternel recommencement. Angers , Hollande direct ou en relais mais sans monotonie car si les clients étaient quasi réguliers, les journées ne se ressemblaient pas. J’ai eu pour commencer un MAN 19.422 qui avait déjà un sacré paquet d’aller-retour entre Angers et la Hollande mais je ne l’ai pas eu longtemps heureusement. J’ai fais 900000 kms minimum avec mon 463 avant d’avoir un TGA 19.480 neuf.Ce Man là et moi on a bossé ensemble durant 9 ans et plus d’1260000kms
avant d’avoir mon Tgx 19.480 lui aussi neuf.
1er camion avec rampe de phares et gyrophares; j’ai pû me faire plaisir en y mettant une touche personnelle, comme des low-barres et quelques lumières de ci de là le tout maison mais avec des branchements invisibles et aux normes.
Il y avait quelque chose de bien dans cette boite, c’est que j’ai pu bien associer vie de famille et boulot. En effet, habitant sur le trajet, j’étais assez souvent à la maison ce qui me permettait de profiter au maximum de la famille. C’était une petite entreprise de transport familiale qui me rappellait Bailly à ses débuts; on était une quinzaine de chauffeurs et c’était largement suffisant. Je suis resté 6 mois tout seul dans le nord avant de faire entrer 2 autres connaissances « ch’ti » mais sans vraiment se connaître. On s’est entendu dès le départ super bien. Bruno, ami d’un de mes potes et Farid, un voisin de rue près de chez moi .On roulait trés souvent ensemble et à la cibie en montant ou descendant de la hollande .On s’entraidait dans nos ramasses dans les marchés, on avait une organisation entre nous du tonerre qui était difficiles à expliquer parfois aux gars d’Angers et même au bureau. Du top taf avec un trio d’enfer.
Tout ce faisait à quai ou au hayon avec des clients super sympas avec qui on ne se prenait jamais la tête. C’était surtout pour ça que j’aimais le transport de plantes et de fleurs coupées. Certes il y avait des périodes dans l’année où le boulot est assez rude au moment des fêtes mais cela restait quand même un travail plaisant.
Plaisant alors oui mais jusqu’a un certain point car dans un sytème de travail en équipe en sytème de relais, il faut que tous les participants avancent du même pas. Déjà avec l’équipe du début il y avait quelques chauffeurs qui ne se souciaient pas trop du boulot mais que de leur petite personne . J’ai souvent entendu dans mon dos que ma façon de bosser les faisait chier quand eux laissaient des marchandises en souffrance sur notre quai de dispatch à Carvin et que moi je dépotais pour faire descendre le max de came du jour sur angers ne sachant pas si le lendemain on allait avoir de la place. Ce qui impliquait forcément de refaire les palettes chez les clients ou vider les coffres à palettes, travail qui pour moi était normal vu qu’étant payé pour cela.
Je chargeais toujours mes semis comme si c’était moi qui allait les vider. J’avais durant un temps le surnom de » petit chef du nord ». Heureusement qu’en gars du nord l’entente était super et cette façon de faire, entre nous, nous allait très bien.
Avec la pénurie de chauffeurs ces dernières années, Eon a dû s’encanailler d’un nombre incalculable de tocards et je pèse mes mots pour faire rouler ses camions . La façon de bosser de ces gugusses n’était pas en accord avec les principes de la boite et surtout les miens.Entre les retards , les remarques chez les clients, la casse sur les ensembles, les Pv sur la route, les pertes de temps dans les relais, une mauvaise gestion pour moi au niveau du bureau pour s’occuper de ces « gênants fénéants »et j’en passe… le seul truc que je pouvais comprendre ,c’était la difficulté à embaucher des bons chauffeurs. Je n’acceptais pas,par contre ,le fait que mon patron se permette de dire, quand on lui expliquait ce qu’on voyait vraiment sur la route et chez les clients et à coté de ça aussi tout les docs à faire avec les chargements, que non tout allait bien et qu’il avait une super équipe. Il remettait tout en cause et le travail que nous faisions en ne faisant plus, de ce fait ,de différences entre les anciens et les nouveaux.Cela à cellé ma décision de partir plutôt que de continuer de cette façon . Après un mail conséquent explicant ma façon de voir sur la leur et un entretien au bureau, je leur ai gentillement dis que j’allais peut-être m’en aller. Chose faite quelque temps plus tard quand après un entretien téléphonique et une rencontre avec la patronne des transports L J de Verlinghem concluant, j’ai annoncé ma démission . Une semaine à dire au revoir à mes supers clients belges et hollandais et hop libéré,délivré bla bla bla après 18,5 ans de bons et loyaux services … clap de fin!
Transports L J (avril2018/mi-janvier2019)
Ce changement était pour moi comme une renaissance vu que mon job précédent me cantonnait sur un trafic régulier entre Angers et les Pays-Bas ;là je revenais dans le monde du fret et du E-colis .Bon certes, je gardais le rythme du frigo en bossant principalement la nuit, chose qui me plaisait bien,mais j’allais découvrir d’autres lignes régulières entre le Nord, Orléans,Bordeaux,Brives et la région parisienne. J’ai découvert de nouvelles zones d’activités avec d’immenses dépots logistiques qui n’existaient pas quand je faisais du fret; je roulais principalement pour Mondial Relay avec des chargements un peu partout comme amazon, cdiscount, vente privée etc etc… des lignes régulières bien cadrées et menées d’une poigne de fer par une patronne charmante qui a son franc parler et qui n’y va pas par le dos de la cuillère pour dire les choses quand on les faisait de travers mais qui savait reconnaitre le travail bien fait. J’ai bien aimer bosser pour elle. En plus quand je suis arrivé pour mon premier jour je m’attendais avoir un des camions les plus anciens mais non en faite j’ai récupéré un FH 540 avec peu de kms et bien entretenu par son chauffeur .
La chance que j’ai eu en faite c’est que j’ai commencé quand lui à démissionné donc je suis bien tombé et j’avoue qu’après environ 27 ans de Man, rouler avec un volvo 540XXl, c’était vraiment un grand changement dans ma carrière. Je me suis bien régalé à bosser surtout que c’était un boulot pas trop fatigant niveau manutentions vu que bien souvent on ne touchait à rien car aucun accès à quai possible;j’ai débaché qu’une fois une taut! Bref beaucoup de route, peu de manut ,quelques relais mais super cadrés,par contre beaucoup de décroche raccroche avec des semis parfois d’un autre temps mais au volant d’un super bahut un bonheur!
Transports Lampe depuis mi-Janvier 2019…
En fin d’année 2018, mon pote de 30 ans passé (Eric), qui est aussi le parrain de ma dernière fille s’est vu proposer une place chez les transports Lampe à Wambrechies. En faite lui bossait dans une boite qui tractionnait pour Bailly Courouble et se garait à coté de chez Lampe à l’année ;il se trouve que chez Lampe, il y a d’anciennes personnes au bureau et certains chauffeurs de chez Bailly Courouble donc fatalement mon pote Eric les côtoyait assez souvent (Moi étant un ancien Bailly et lui un ancien courouble avant la fusion dont il a fait parti très longtemps )à force de discuter avec ses anciennes connaissances une opportunité s’est crée pour lui et pas n’importe laquelle!Il me disait souvent qu’il se faisait taquiner par Lampe jusqu’au jour J où il s’est vu proposer un nouveau type de transport (transport de materiel TP avec semi spéciale) avec un un super camion comme il a jamais eu soit un Mercedes Ultimate 1863 zéro km! je faisais mon tour Lyon pour L j quand il m’a envoyé une photo avec non pas 1 mais 2 ultimates côte à côte en me disant; » regarde ce que me propose Lampe pour venir chez eux!!!
je crois que je vais dire oui! » je lui dis en rigolant; » ben écoutes whoua!!cool un pour toi un pour moi! » . En faite chez L J tout est bien sauf les vacances qui posent problème, on les a pas forcément comme on veux . J’ai dis à Eric : »parle de moi chez eux car chez L J les vacances c’est compliqué… » Au 2ème tour Lyon de la même semaine, j’ai reçu un message de mon pote disant ceci; » si tu veux faire la même chose que moi avec le même bahut que moi la place est dispo, le chauffeur prévu pour n’étant pas dispo avant mars/avril ». Je me suis dis merde j’avais pas prévu ça! j’ai un bon job que faire? j’ai retourné mon cerveau dans tous les sens le week-end suivant puis le lundi avant mon départ du soir pour L J je suis aller rencontrer le patron Daniel, le directeur d’exploitation Jean Marie, que je connais depuis très longtemps ayant travaillé avec dans le passé chez Bailly , et l’exploitant Pascal en charge du transport approprié aux nouvelles semi type « chameau ». Ma réputation m’ayant précédé quand Eric a parlé de moi, limite je n’ai même pas eu à me présenter! Ca n’a pas duré longtemps avant que je dégaine mon permis et tout le reste pour ouvrir mon dossier chez Lampe (eux comme moi on savait dans les premières minutes de l’entretien que le oui allait s’imposer) . C’est plus que valorisant de savoir que bien des années après on retrouve des gens qui reconnaissent le travail que l’on a fait et le soin qu’on avait avec nos camions! De retour chez L J j’ai annoncé la nouvelle non sans regret que je finissais la semaine et basta .Ca m’a ennuyé sur le coup car je sentais bien ma patronne déçue mais je lui ai bien stipulé que je partais pour une opportunité et pas par dégoût. Il se trouve que L J et Lampe sont cousins et que l’entente n’est pas forcément bonne donc malgré un cuisinage parfait pour savoir où j’allais ,je n’ai rien lâché ,pour ne pas avoir à tergiverser ;je lui ai seulement dis qu’elle le saurait sûrement un jour après mon départ mais que j’étais très content d’avoir travaillé pour elle en lui souhaitant que du bon pour sa boite.
Eric et moi on a donc commencé chez Lampe à une semaine d’intervalle lui au volant de l’Ultimate 1863 numéro 10 et moi de l’Ultimate 1863 numéro 2
.Dès mon arrivée officielle, on a commencé par 2 jours de formations Caces appropriées afin de pouvoir manipuler les engins de manutentions en chargement ou déchargement . J’ai commencé par une bonne dose de stress le 3ème jour avec la neige qui s’est invitée durant la nuit .
J’étais partagé entre partir à l’heure ou attendre que ça se passe .N’ayant jamais conduis de Mercedes et de compèt’ en plus, j’ai préferé rester sur place et attendre au moins l’arrivée du boss à 8h00 . Sage décision que j’ai pris car quasiement personnes n’était parti et pour cause!
. J’ai donc pris la route en milieu de matinée avec une taut normale car nos semis » chameau « n’étaient pas dispo encore chez le carrossier vendéen.
Dès qu’on les a récupérer , il a fallut apprivoiser la hauteur . En effet, on nous avait vendu ça pour une hauteur de 4,30m mais vu la monte de pneus sur nos mercedes, on s’est retrouvé à 4,48m en permanence. Les premiers ponts sur la route nous faisaient venir quelques suées ayant du matériel neuf et coûteux dans les mains aucun droit à l’erreur! Avec le temps ,les conseils de collègues Lampe, amis FDR et mon pote Patrick de chez bailly/courouble qui connait la france dans ces moindre recoins, on a déjà pû se faire de bons parcours sans trop d’ embûches. Néanmoins la vigilence reste de tous les instants pour les ponts mais aussi pour les arbres. j’avais remis ma cibie au placard depuis que j’avais quitté Eon mais quand j’ai vu qu’ Eric avait mis juste son antenne magnétique derrière son merco pour se baser sur elle pour toiser les ponts, je me suis dis je vais faire mieux en rebranchant ma cibie et en mettant mon antenne fixe sur le montant de la porte chauffeur à exactement 4,55m de haut.

Les hauteurs de ponts n’étant pas une science exacte, ça rassure d’avoir un visuel direct et sonore de l’antenne au cas où . J’ai pris pour habitude que quand le doute s’installe d’utiliser streetview en amont en regardant l’atlas et face à l’obstacle si j’ai un échappatoire je ne prends pas de risques, je l’évite. C’est bien souvent les ponts SNCF les plus chiants à gérer. Aprés il a fallut se familiariser aussi avec le protocole d’utilisation des semis qui, s’il parait assez simple , ne doit pas être pris à la légère pour un novice, au risque de faire une boulette .Pour faire simple , tout ce qui roule et qui peut entrer dans la semi, on peut le prendre . En effet, ce système de semi, qui à la base ressemble à une tautliner normale, cache bien des secrets pour qui ne fait pas la différence avec une autre semi. Elle est équipée en hydraulique avec béquilles rétractable en lieu et place des béquilles traditionelles . C’est ce système qui permet de poser la semi au sol par l’avant.Il y a aussi 2 grosses béquilles à l’arrière du 3 ème essieu qui servent de stabilisateur dès lors que nous montons du lourd vers l’arrière ; sans quoi la semi se relèverais de l’avant. Autre particularité cachée c’est que les poteaux avant et arrière droit peuvent ,grâce encore à l’hydraulique,s’écarter afin de pouvoir charger du matériel grande largeur. Pour cela il ne faut pas oublier d’ouvrir le toit de l’avant vers l’arrière , d’oter les planches coté droit et de déplacer les poteaux sinon c’est la casse assurée . Et pour finir dans le plancher, on a un treuil qui nous permet de faire monter les « récalcitrants » ou les non motorisés.
Ce système n’est pas nouveau mais pas mal de clients que l’on fait sont étonnés ou surpris quand ils nous voient arrivés en nous disant « euh, on fait comment pour décharger ? on a pas de quai! ». C’est vraiment chouette de dire dans ces cas là: » ne vous inquiétez pas j’ai ce qu’il faut pour ». Et de leur expliquer le fonctionnent au fur et à mesure . Cela dit c’est bien et pas bien car discuter et travailler en même temps il faut rester concentrer pour ne pas faire de bêtises dans le maniement du sytème.Le seul petit « hic » c’est que les semi ne sont pas autonomes, il nous faut nous rebrancher une fois décroché pour pouvoir utiliser toutes les commandes via la télécommande. Le fait d’être bâché nous permet faire du matériel roulant comme du fret normal où même les 2 en même temps ça laisse une grande polyvalence dans nos chargements.
Je suis content et fier que l’on soit « venu me chercher » pour faire ce travail . Et le faire dans une société où le patron met le paquet niveau matériel pour son image de marque et pour ces chauffeurs, c’est vraiment le pied. J’avais un goût amer en quittant un poste de plus de 18ans en frigo mais ce que j’ai retrouvé à faire derrière m’a rebooster .La chance est de mon coté car je me donne toujours à fond dans mon travail depuis que j’ai choisi ce métier certains le voient, d’autres non mais en mon âme et conscience moi je sais où je vais…
Lampe étant à Wambrechies, je reviens dans la ville où j’y ai vécu de 1972 à 1992 , à 2 pas de là où ma mère y logeait jusqu’a son décès en 2010. l’affaire de famille Lampe est dans la zone depuis très longtemps et a repris dans son essor le site des transports Bailly et l’ancien garage MAN quand ceux-ci on déménagé ce qui fait que bizarrement je me retrouve là où tout a commencé pour moi; d’un coté le site Bailly où j’ai fait mon premier stage en section routier et l’ancien garage où j’ai fait mon premier stage en mécanique PL . (Les bureaux et garage Lampe y sont intégrés)Je me dis que c’est peut-être mon destin de finir ma carrière là où je l’ai commencé même en ayant pris des chemins différents sur la route.L’avenir me le dira…
Le site Bailly en 1988 Le même version Lampe en 2020.
Je suis tout à fait serein dans ma tête car la route qui m’a dévié de mes fleurs me semble très bien tracée .Je suis surpris de faire et d’aimer ce que je fais. Je bosse tranquille tout seul , bien encadré par le bureau et content de faire parti de l’aventure Lampe . Un vrai bonheur au quotidien de rouler avec un ensemble attitré bien équipé avec tout ce qu’il faut en équipements pour travailler.
Une histoire:
Durant l’année 2019, j’ai eu a charger une foreuse et tout ces accessoires de Bordeaux pour le chantier du tramway en Région Parisienne .Quand une fois sur place et vu l’engin, je me suis dis oulà! On dirait un transformeur ce truc!
J’ai beau avoir des autorisations pour bouger les machines,ce genre d’engin, je le laisse aux clients plus spécialiste que moi. je mets ma semi en position, tout va bien sauf une monté légèrement périlleuse. Aidé d’une plaque en bois sur mes rampes d’accés ,le patron du site me pose la bête à l’endroit voulu et aprés avoir relevé , finis de me mettre la quincaillerie qui allait avec .J’ai mis le paquet en chaines et sangles pour arrimer tout le bazar pour un max de précautions.
Arrivé sur le chantier parisien, impossible de poser ma semi au sol par manque de place dans la rue. On a pû quand même vider la quincaille sur place par le coté avec un télésco. J’ai dû décharger la foreuse dans une boite de leur groupe à quelques encâblures de là. Je pose la semi là-bas, vire les chaines et sangles et je dis au gars du chantier : »Ecoutes, tu connais ta machine moi non , c’est ton boss qui l’a fait à bordeaux moi je touche à rien ». Il me dis ok pas de problème … je me mets donc devant ma semi pour le guider et lui derrière avec la télécommande filaire de la machine.Il met en route et et à peine les premiers cms en mouvement j’ai vu que l’engin partir en glissade! j’ai bondi sur le coté, voyant que ça me venait dessus en entendant le gars hurler et pester dans le vacarme des chocs dans la remorque. Le temps que je me relève, le gars avait déjà remis le truc droit . L’espace d’un instant, je me suis demandé qu’est-ce qu’il avait tapé mais j’ai vite vu les dégâts. La machine avait glissé de travers et le mât avait déchiré la bâche en tapant la porte avant droite ; quelques planches ont morflé ainsi qu’un poteau .
Dieu merci le poteau avant droit a tenu le choc . Si j’avais dû l’écarter, le vérin aurait prit cher et je n’aurais pas pû refermer la semi.Le gars était désolé, moi je ne savait pas quoi dire à part ça va pas de blessés.On a fait comme on a pû pour faire le constat et j’ai pû repartir charger un complet de palettes vides pour rentrer. Je me suis refait le film après pour essayer de comprendre . En faite, mon plancher est composé de bois et rails en fer troués pour fixer des cales . La foreuse ,elle, avait des chenilles en acier donc pour charger en monté à Bordeaux sa force et son poids allaient dans de sens contraire de la pente mais au déchargement fer contre fer au sol, + descente de la pente ça n’a pas loupé . Ni lui, ni moi, n’avons pris en compte ça. Je me suis dis après (biensûre c’est toujours facile de refaire le film une fois le mal passé)qu’on aurait dû peut-être avancer la foreuse avant de baisser la semi mais vu le poids de la bête je ne suis pas certain que cela aurait été mieux; mon boss m’a demandé pourquoi c’est le client et pas moi qui a descendu le bestiau, je lui ai répondu que quand je ne connais pas le matériel, je ne le touche pas et heureusement pour le coup car j’aurais sûrement fait pire avec + de dégats. Depuis je refuse tout chargement de matériel avec des chenilles acier;
Mes croisettes FDR!
Mes supers potes ex fleuristes, dans mon merco :Farid ,Bruno et Patrick de chez Bailly …
Yannick, tombé tout petit dans la marmite
Arrivés de Bretagne en 1960, mes parents créent leur entreprise en 1965 à Aubervilliers. D’abord avec un porteur, mon père achète son premier semi-remorque à la fin des années 60, un Henschel attelé à une citerne Afin de transporter de l’engrais liquide au départ de la Belgique à destination de la France. Un premier chauffeur, Christian qui a 22ans en 1971, ils auront jusqu’à 5-6 conducteurs à leurs coté. Après le transport d’engrais ils travaillent aussi pour Calberson Eclair Escudé en transports international, Rouch la Stur… en Transports national. Au début des années 80 ils font de plus en plus de régional, baché, bennes tp, transports de plaques en ciment, campagne de betteraves mais un ou deux camions reprenait la grande distance l’hiver par le manque d’activités en tp. Au milieu des années 70 ils s’installent sur un terrain à La Courneuve, tout d’abord est construit un petit hangar puis un vrai et beau garage.
Contrairement à mon frère et ma sœur, j’ai attrapé le virus des camions très tôt, demandé souvent à mon père de m’emmener avec lui et passer beaucoup de temps , j’adorais ça ,à écouter leurs histoires de routier, des destinations qui me faisaient rêver, les rigolades, les pannes , le chainage d’une semi dans le petit ou grand Saint Bernard, je ne sais plus…….Le voyage avec lui qui m’a surement le plus marqué c’était en Italie ,été 1976, j’avais 9ans et demi, une carte d’identité toute neuve, en Hanomag Henschel bien sûr et par le col du Mont Cenis. Je l’imitais à conduire de mon siège passager, luttais pour ne pas dormir, il le racontait de temps en temps, les glaces a la douane de Turin et une livraison dans une scierie au retour, ou ?
Apres un CAP routier à Andresy de 1982 à 1984, je débute chez mes parents en janvier 1985, j’ai enfin 18 ans. Au départ ce n’était pas prévu. Mon père disait en souriant, il ira d’abord casser des camions ailleurs et puis le besoin d’un chauffeur, lui ne pouvait pas conduire, je démarre seul avec un Saviem PS30 pour une tournée de Blanc Mesnil à Beauvais avec 2-3 clients. Une journée inoubliable. Ensuite de la benne Tp, une campagne de betteraves à Chevrière. En 1985 je sors de France pour 3-4 voyages de GB avec le R 360 et un voyage à Barcelone pour Jean Marie Martin ( le propriétaire du Scania 141 rehaussé et décoré en 82-83 ) avec un Scania 142 , le kiff !! Je reprends mon PS30 et ensuite un R310 pour une dernière campagne de betteraves. Juste avant Noel je pars je pour le Portugal, 2 autres voyages ensuite.
Fin Janvier 1987 je rentre en traction chez Calberson, 1er voyage Copenhague, ensuite Allemagne, Angleterre, Italie, Benelux et puis la chance de faire un voyage d’Oslo. En juin je suis incarcéré, 1 an d’armée à Toul puis Landau. Bon j’ai conduit des TRH350 et un peu trop bu une fois ou deux comme tout le monde, à part ça…. L’uniforme ne m’allait pas.
En septembre 1988, après avoir passée l’attestation de capacité je reprends la route avec un R370. La suite en photos
Mes parents sont partis en retraite fin 1992, j’ai continué seul avec mon tracteur. Christian leurs 1er chauffeur était toujours avec nous, il avait repris l’international, nous roulions ensemble chez Calberson, mais il y a eu aussi Dédé, Rolland, Jacques, Bernard, Daniel, Laurent, Jean Christophe…… Quand j’étais petit, sur mon vélo, j’étais à tour de rôle Jean mon papa ou Christian, aujourd’hui je leur pose encore des questions de temps en temps, j’imagine leurs réponses et puis on se sourit.
Divers et autres bon souvenirs !
Vonvon29, sa vie, son oeuvre
Depuis mon plus jeune age ,je crois que j’ai toujours voulu conduire un camion .Et en plus de ce reve,je révais aussi (déjà) d’avoir le camion qui me plaisait vraiment .Je me demande d’ailleurs si ce n’est pas la raison principale pour laquelle je me suis lancé à mon compte (futilité peut-etre…).
Prénom : Yvon Surnom(s): Youn pour les potes Date de naissance : fevrier 1964 Chauffeur depuis : octobre 1985, artisan depuis avril 1987 Différents métiers dans le transport : Baché mais surtout Frigo (marée, primeurs et viande « palette ») Marques favorites : Scania puis Volvo et Daf Marques detestées : Man |
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De Octobre 85 à Avril 87, j’ai été salarié chez Translittoral Chateau La Vallière (37).
En Avril 87, achat de mon 1er F12 et je commence ma carrière d ‘artisan dans cette société et cela jusqu’en Novembre 87.
Là j’entre chez Tradimar à Lorient et en Février 89 j’achète un 2ème camion ( Scania 450 porteur …).
Juillet 91 ,marre de la marée, j’achète un Volvo 400 et une tautliner et je roule pour Scac Quimper.
Mauvaise pioche, en Mai 92 je vends la semi pour entrer chez Mesguen à St Pol. J’y resterais jusqu’en Novembre 2001 .
Depuis cette date ,je roule pour les tpts Guivarc’h à Bodilis…
Depuis mon plus jeune age ,je crois que j’ai toujours voulu conduire un camion. Et en plus de ce reve, je révais aussi (déjà) d’avoir le camion qui me plaisait vraiment.
Je me demande d’ailleurs si ce n’est pas la raison principale pour laquelle je me suis lancé à mon compte (futilité peut-etre…). Ainsi, Volvo à la fin des années 80 avait présenté sa nouvelle gamme F10 -F12 et j’avais pu monter faire un tour dans les 1ers « globe »; je m’étais fait la promesse d’en avoir le meme un jour. En 87, j’achetais mon 1er « Globe » .
Plus tard ,je revais de conduire un Scania camion-remorque et rouler pour Tradimar m’en a donné la possibilté. Quand Volvo a sorti son « 16 »,je trouvais très beau le bruit du moteur et il me tardait d’en avoir un …Je suis parti au volant de mon FH16 le jour de mes 33ans !
En 2000,Scania sort le 164 . C’était là mon nouvel objectif ! Après un « désaccord » avec Volvo pour la reprise du 16 , le changement d’écurie ne fut pas douloureux !!!
Après le coté matériel de la chose ,le coté réglementation , mentalité de ce métier a beaucoup changé …et pas forcément en bien . Depuis Octobre 85 que je roule, je n’ai JAMAIS joué avec le stylet du chrono et pour tout vous dire j’étais intimement persuadé que les artisans en étaient exempt .
Certes il fallait mettre un bémol aux « cadences infernales » (hi hi hi ) et je pourrais peut-etre placer quelques anecdotes dans la rubrique « histoires de routiers » (pas certain que cela vous interesse ma foi) mais aujourd’hui c’est un virage à 180 trop radical à mon gout …
En Septembre 2009 j’attaque avec le R560 , bon camion là aussi largué 5ans plus tard ….en 2014 , de nouveau un 580 mais cabine » Streamline » , ma préférée , encore un super outil de travail et à part 1 ou 2 merdes avec le circuit d’Ad blue , jamais au garage !
Je l’ai remplacé en Juillet dernier , avant les 5 ans d’exploitation parce qu’une opportunité de date s’est présentée pour anticiper le renouvellement . Aujourd’hui je roule donc en Next 650 et je pensais vraiment que ce serait là le dernier avant la quille ….j’en suis moins certain à l’heure où je tape ces lignes . Cela dépendra évidemment du physique et du moral , pour l’instant c’est bon ( faut dire qu’avec un tel jouet pour bosser …) mais aussi et surtout du boulot !
A ce propos , ce dernier a quelque peu changé ( ou évolué ? ) . Entre 2001 et 2018 , mon rythme était PRESQUE réglé comme du papier à musique : départ à la quinzaine , 24h dans un autohof Allemand un dimanche sur deux et ça m’allait très bien comme ça …Les volumes et la commercialisation des produits Bretons ayant changé , avec des volumes qui se sont cassés la gueule , Guivarc’h a bien été obligé de s’adapter , entre autre pour continuer à faire rouler son parc ! Résultat ,un développement de l’activité « parisienne » ( comprenez Rungis et sa banlieue ! ) . A l’heure actuelle , j’ai réussi à éviter d’aller me fourvoyer dans ce merdier , tout comme j’ai aussi demandé à éviter le plus possible l’Allemagne ! mon dernier tour là-bas ( mi – Mars ) m’a brouillé avec eux ! Il s’en est fallu de très peu que je ne trouve pas de place pour faire une « 24 » décente , et la semaine à suivre , pas pu livrer tous les clients parce que gros bouchons partout sur la tournée , pas de place pour se poser , explosé les heures ….UN CAUCHEMAR ! Bref , aujourd’hui je ne fais quasiment plus QUE du relais 29 : 51 , j’ai un camion totalement surdimensionné pour faire ce job de tourneur de volant mais voilà , au moins la nuit on est peinard , ça me plait bien(très important ) et je ne fais pas moins de kilomètres…pourvu que ça dure ! …bon , la contre- partie de ce régime m’évitant le Paris ou l’Allemagne c’est que j’accepte de faire des relais tous les samedis et donc des week-ends décalés …tant pis , si c’est le prix à payer , faut savoir faire des concessions !
Dans la rubrique des regrets , que je n’avais pas dit alors parce que je pensais vraiment que j’y arriverai un jour , c’est celui d’avoir pu rouler en bétaillère . Pour y avoir quelques collègues dans cette branche , aussi bien en 100% cochons ou qu’à faire toutes les bestioles , je sais que c’est vraiment pas facile …c’est d’ailleurs pour ça que je parle de regret , à quasi 56 balais , la tâche me semble dorénavant trop ardue ….dans une autre vie peut-être .
Sinon , si je devais reprendre d’autres chapitres du portrait 2005 , je dois aussi avouer que je sors beaucoup moins souvent la planche à voile ( néanmoins chaque sortie reste un bonheur absolu !) ,du coup c’est vtt mais à un rythme très cool , que mon surnom de l’époque Youn ( Yvon en Breton ) a disparu remplacé par ..Vonvon ( voir même Vonvon 29 pour certains )
Voilà , petite màj sans prétention d’un portrait dressé en 2005 , on est quasi en 2020 et on ne peut pas dire qu’il y est eu de « révolution » majeure durant ces 15 dernières années …prochaine màj ? allez , pour ma retraite en ….je ne sais pas quand !
Du nouveau pour Tophe69
C’est qu’il s’en est passé des choses depuis 2017 avec Tophe69, il nous raconte tout ça dans son génial portrait de sa déjà longue et bien complète carrière de chauffeur, desormais devenu specialiste du gyrophare qui ne sert pas que pour les croisures !
Si vous ne connaissez pas Tophe, c’est le moment de dévorer son parcours, vous verrez ce mec est un vrai passionné au grand coeur !!!
Une grande pensée à mon ami Mika
A dévorer en cliquant ici
http://www.fierdetreroutier.com/fdr/portrait-de-chauffeur-tophe69/

http://www.fierdetreroutier.com/fdr/portrait-de-chauffeur-tophe69
Bata25, sa vie, son oeuvre
Michel Bataillard dit « Bata » est né le 02.06.1956 a Besançon. Chauffeur depuis 1978, il a touché un peu à tout dans le transport : baché, plateau, pulvé, benne, ampirol.
Ses marques favorites sont les Renault, Volvo et Scania.
Quand j’étais gosse mon père et son frère tenaient une scierie. Le matin de bonne heure (vers les 4h 2 fois par semaine), Marcel venait avec son camion pour livrer du bois et à l’epoque il vidaient à la main.
Pendant ce temps la, moi je montais dans la cabine et essayait (je n’y arrivais pas bien sur) de tourner le volant et je me voyais en train de conduire….et par la suite mon pere m’a gaulé dans la cabine et m’a dit : « toi ont sait que le metier que tu vas faire ! » Un jour a l’ecole la maitresse avait posé une question : quel metier voulez vous faire plus tard on avait droit à 2 reponses : j’avais repondu conduire un camion ou agent secret.
Voici la carte d’Europe ou figurent les endroits les plus éloignés de chez moi dans le Doubs ou je me suis rendu en camion :
Ma jeunesse, et l’armée
Mes débuts au transports Roy de Baume les Dames
Un dimanche soir, j’etais dans un bistrot et j’avais allumé la meche. Tout a coup un camion s’arrete le chauffeur boit un café et allait repartir et comme j’allais pas bien il me proposa de partir avec lui. Il avait un g 200 et sur la bache il y avait marqué : ck-perle, une marque de biere, et c’est comme cela que je suis parti sur la route car ce chauffeur etait le fils d’un transporteur de Baume les dames. C’etait en 1972….j’ai commencé par faire des demenagements..avec Roger (le pere) et j’ai été embauché le 1e septembre 1973.
Au debut je faisais les vidanges, les graissages, le lavage,(a la brosse et au seau) . De temps en temps je montais a Paris avec des chauffeurs et c’est la que j’ai appris à conduire(a l’epoque je n’avais pas de permis). J’avais un j7 peugeot et je faisais toute la france, a part une fois ou je suis parti avec mon ami Gaby(dit dobo) a Dundee en Ecosse.
Une semaine compliquée :
C’etait en 75 ou 77….avec mon pote claude le chauffeur moi je n’avais pas de permis.
On charge un démenagement à Montbeliard, un lundi matin, pour Nice… Le chargement terminé vers 18h on prend la route direction le sud. Le soir on s’arrete manger un peu avant Llyon et on repart. on roule toute la nuit et pour une fois on ecoute pas les routiers sont sympas (ça aura son importance plus loin). Donc on arrive sur la Promenade des Anglais vers 14h On vide à coté du Negresco. Vers 17h un motard de la gendarmerie m’interpelle et me demande si j’etais le chauffeur et je lui repond, non, et il me dit : »Cela fait depuis hier soir qu’on vous recherche et RTL par l’intermédiaire de Max a lancé des appels à votre encontre et même dans la journée. » A cette époque RTL passait très mal dans le sud. Claude venait d’apprendre le décès de sa fille agée de quelques semaines…..Très dur pour lui et il était en plus trés fatigué et avec la mauvaise nouvelle…. je ne vous dit pas! Je téléphone au bureau, le patron me dit: « vous remontez jusqu’à Vienne je te ramène un chauffeur et je récupère Claude; Tu peux conduire car claude aura du mal » ; je dis OK. Avec une volonté extraordinaire, claude sort de Nice et je prends le volant, et nous voila partis. Arrivés aux alentours de minuit à quelques km de Vienne je m’endors et ce sont les barrières de sécurité qui nous reveillent. On s’arrete, ça va pas trop de bobos, on continue et on change de chauffeur. Avec l’autre chauffeur on reprend direction Marseille car on rechargeaient un déménagement là-bas.
On arrive le matin , on finit le chargement vers 17h et direction la capitale! Je demande au chauffeur tu passes par ou? Il regarde la carte: « Oh on va passer par Clermond-Ferrand », pas de probleme c’est toi le chauffeur…. On s’arrete le soir pour manger (j’avais rien dans le ventre depuis Nice, simplement un casse-croute). On repart le matin, on roule peinard et à quelques km de Clermond on nous fait des appels de phares, je dis au chauffeur et bien je ne savais pas que les Trs Roy etaient connus, surtout qu’on venait pas beaucoup dans le coin, ou alors c’est les flics!! Et cela continue jusqu’a l’entrée d’Aubiere, la, je me mets à la fenetre et stupeur ; il y a le feu au-dessus de la caisse …. »Arrete, arrete -toi!!! » On descend et toute la caisse etait en feu on a juste eu le temps de prendre le sac et la cabine prend feu aussi…Mais pas les porte-feuilles. Les pompiers arrivent éteignent le feu. Le berliet est ammené au garage Berliet. Et nous voila sans un sous mais le patron du resto etait super sympa, il nous a preté de l’argent et nous a fait confiance, le soir nous sommes passés à la télé!
Et pour finir de cette semaine de merde, quand Toto le fils du patron est revenu nous chercher avec son tracteur et une remorque surbaissé pour ramener le camion à Baume, et bien je ne trouve pas le moyen de me coincer un doigt dans la portiere du camion!!! Et je suis rentré comme ça à la maison. Cela fait très mal mais pas aussi mal que mon ami claude que je revois de temps en temps car lui après ce drame a reprit son métier d’origine qui etait peintre en batiment.
Après les déménagements, le transport chez Roy :
Ensuite j’ai eu le 19t, un camion de demenagement et la j’ai roulé seul, parfois je prenais le glr160ch. Le 1er vehicule lourd que j’ai conduit c’est un porteur camion de demenagement avec celui-la j’ai fais pas mal de km et s’il vous plait pas de couchette. Alors quand je chargeais, je faisais toujours un plat au-dessus du chargement avec des matelats pour dormir, c’etait la belle vie!!!!!….quelquefois on etait 3 mais le plus souvent 2!!! ensuite j’ai passé mon super-lourd…mais quelle aventure pour le passer ! J’etais parti avec un glr 160ch a perpignan en demenagement (le mien etait en panne)..je suis reparti de perpignan le mardi soir et je passais le super-lourd le mercredi a 13h….dur dur il n’y avait pas l’autoroute enfin pas tout le long…et un glr..ce n’etait pas facile…enfin je suis arrivé vers midi et le temps de manger un bout (dormir environ 3h)…et je l’ai rater mais j’etais trop fatigué…bon je l’ai repassé 1 mois après et je l’ai eu……
Voila ..c’est comme ça que j’ai eu ma 1er semi..un petite semi de 11m 1essieu (pas facile pour livrer a Paris)…mais bon comme tout jeune chauffeur on est content d’avoir son camion. Ensuite j’ai eu 1 tr 305 berliet ah quel bahut et j’en etais fier…mais pas de webasto alors l’hiver dur dur surtout que j’ai commencé à faire de l’italie….
Le transport dans les années 80 battait sont plein et à chaque printemps, notre petite entreprise qui etait au nombre d’une vingtaine d’employés, bureau compris, nous prenions l’habitude de se retrouver autour d’un mechoui. Et comme cela, ça nous permettait de se retrouver et d’avoir plus de solidarité entre nous.
En 1988 fut l’année ou pour la 1e fois je touchais un tracteur neuf ….R340 quelle joie j’allais pouvoir enfin connaitre le webasto , le confort, et la visibilité ! Quel beau tracteur!!!!! Il avait, mine de rien (pour un renault) de la puissance !!! equivalent au 360 scania de l’epoque. J’ai roulé un 1an et demi avec car entre temps mon patron avait decidé de s’associer avec d’autres transporteurs (c’etait le debut des mariages) il a fallut demenager de Baume les dames pour aller à Mamirolle(petit village entre besançon et pontarlier par la n 57) mais petit à petit on s’est fait manger et fin 89 tout le monde repartait chez soi …sauf que pour nous c’etait la fin des trs roy…(que je regrette encore aujourd’hui)
Ensuite j’ai été transferé chez un transporteur du haut doubs (trs vermot), la je suis resté environ 1 an et demi, je suis parti sur un coup de tete…mais j’ ai toujours regretté ce geste, je faisais regulierement de l’italie, de Milan, à Palerme. Je roulais avec un f12 Volvo très bon vehicule, bonne puissance et très bonne boite de vitesse.( une des meilleurs!!)….et puis j’ai quitté cette entreprise pour aller travailler a Belfort chez trs Begey de Danjoutin(a coté de belfort) La au debut j’ai fait de la semi baché et de la benne et puis un jour on m’a attribué un f 12 globettroteur en camion remorque. Je suis resté environ 8 a 9 mois ….et je suis reparti a Baume les dames pour rouler aux Tpts Bonfils…je faisais du national……mais la 1ere semaine de boulot je suis rentré le vendredi et le soir en jouant au foot et bien double fracture tibia péroné…. car aujourd’hui..je joue encore!!!!! C’est ma passion et mon sport favori ainsi que la pétanque…bon 6 mois d’arret et 6 mois de route et j’ai demmissioné.
Je quitte les trs bonfils pour faire de la pulvé chez les transports Bulle . Bon boulot mais que de voyages et des bons… La pulvé c’est special à chaque fois que tu vides il faut laver..enfin la plupart du temps et tout depend de ce que tu recharges. Je bossais pour un petit patron et j’avais le vehicule chez moi et je passais chez lui que pour laver ou mettre du gas-oil..j’etais affreté par les trs Schmidt a Heillbronn en Allemagne. Pour en finir sur la pulvé c’est un boulot que j’adorais…que j’ai regretté..j’avais un super patron qui me faisait confiance et qui malheureusement n’est plus la aujourd’hui et a qui je rends hommage….
La route ce n’est pas que de rouler …c’est aussi le coté humain de ces chauffeurs Anglais et aussi le papy 34 qui, voyant arriver le jeudi et toujours pas vidé et bien ils m’ont laissé vider avant eux pour que je puisse rentrer le samedi chez moi et ça je ne l’ai jamais oublié!!!!!…. Je ne sais pas aujourd’hui s’il y a encore cette mentalité. Peut-etre ceux qui partent loin et surement car si il n’y a pas cette solidarité entre chauffeurs et bien Messieurs je vous plains….
Aller un petit tour en italie avec la maman et le fiston (3ans) ça y est on va bientot passer le Monte Bianco!!!
L’accident….Et oui cela arrive quand on veut aller au-dela de nos forces!!!!!! c’etait le 11 juillet 1994 j’etais partit le dimanche soir j’ai vidé a cote de Pirmassen en Allemagne..j’ai lavé a Lugwischaffen et j’ai rechargé la hoecht a francfort…je suis repartit vers 21h…(on compte pas les heures depuis le dimanche 22h!!!!!),je voulais aller manger a Lauterbourg mais voila une courbe d’auroroute a mis fin a ma faim….
Je me suis couché et j’ai traversé l’autoroute tout en travers et je suis resté coincé dans la cabine pendant 2 a 3 heures (enfin cela paraissait long…long…)dommage je n’ai pas de photo du tracteur Heureusement je m’en suis tiré avec des brulures dans le dos ( le bitume allemand dur dur..) et aussi apres mon accident j’ai repris la route au meme endroit avec 1 magnum 385 et avant j’avais le 380….
On arrive en 1997 et la je suis licencié suite a la maladie de mon patron….je me retrouve pour la 1ere fois de ma vie au chomage….je retrouve une place chez tpts jeantet a besançon en remplacement. je roule 2 mois et la , un vendredi soir , alors que je quittais le depot on me dit stop….tu as fini ton contrat….
La j’ai commencé à comprendre que le métier de chauffeur pl allait changer (surtout point de vue mentalité!!!)je ne rentrerais pas dans les details!!!!!!! Mais point de vue salaire c’etais tres convenable……alors je fais une demande aux trs nicolas a brioude(43) qui a été accepté et je suis parti passer un test a brioude(450km) et j’ai été embauché de suite…. J’y suis resté environ 2 ans …et je suis parti car je commençais vraiment a etre degouté de la route (pas la faute aux chauffeurs) mais le système changeait.
Et bien voila en novembre 1999 le 1er..je rentre chez onyx un boite privé de dechets industriels et poubelles menageres….au debut que ce fut difficile pour moi..parce que l’ampirol au depart ce n’est pas chose facile mais une fois dans le bain c’est comme toute chose…bon mon 1er vehicule ce fut un mercedes 1929 en camion remorque qui avait au moins 10 ans , bonjour l’etat !!! et ensuite j’ai touché un actros 400ch tout neuf…..
En 2009, je touche un Premium 410 renault, Me voila revenu a mes premiers amours. IL a un bon confort , cabine trop courte ….pas de coffre de rangement , meme pour nous en regional , On aime bien avoir un peut de place .
Puis en 2011, je passe sur un MAN
En cette fin d’année 2011, pour moi c’est noel avant l’heure : 2 man neuf sont dans la cour tgs.26.400, apres etre passé par l’atelier pour refaire des modifications : plaques adr , prise d’attelage tout du meme coté, camera ……enfin tout ce que le constructeur n’a pas su faire.
Et me voila en man pour la 1ere fois de ma vie..j’avais jamais conduit cette marque……il n’y a pas de comparaison a faire avec le renault 410 que j’avais avant celui la , d’ailleurs j’en en ferai pas car a tout point de vu le man est 100 fois superieur, bien sur dans cette gamme.
Fin 2012, je reçois la médaille du travail, celle des 20 ans et deux diplomes des 30 et des 35 ans de boulot
Mon départ à la retraite a été plutôt cahotique, le 30 décembre 2015, j’ai fait mon dernier tour de Salaise, j’ai même pas eu le temps de donner un dernier coup de lavage à mon MAN. L’ambiance n’était pas au beau fixe après quelques litiges avec ma hierarchie.
Au bout de 3 mois Bruno Bonfils m’envoies un texto en me disant de venir le voir vendredi……ce fut fait et j’ai rencontré mr philippe rigal directeurs des agences de Geneuille Champagnole et Baume les dames…..
voila je suis embauché…..je commences lundi pour faire du regionale…..
Debut mars je debute, pas de camion attitré….un coup un iveco un coup un rvi…avec le blanc je ferai un tour de nord je fais aussi des remplacement à faire des magasin coylruth
Portrait Malibu12
Nom Prénom : Alexandre
Surnom(s): malibu12 pour le forum, le docteur ou Joe Bar Team pour certain qui connaissent ma passion pour la moto et Valentino Rossi, Brise fer pour les gars de l’usine, j’ai eu un eurotech qui tombait en panne tout les 4 matins, ça ma valu cette super réputation.
Date de naissance : 18 avril 1970
Chauffeur depuis : mai 1993
Différents métiers dans le transport : plateau, savoyarde, taut, benne, caisses mobile.
Type de camions : porteur, camion remorque
Citation personnelle : c’est en forgeant que l’on devient forgeron
Pour moi ce métier à toujours été un rêve de gosse. Mes parents étaient dépositaire pour une boite de négoce en aliment, engrais, donc il y avait toujours des camions qui venaient vider. Vers l’age de 15ans j’ai fait mes premiers tours pour aller chercher du foin dans la Crau, cela faisait des grandes journée on partait vers 3h du matin et on rentrait vers 17 ou 18h mais j’étais tellement heureux que je ne fermais pas l’œil de la journée. Mais je n’ai pas commencé de travailler en tant que chauffeur, j’ai été mécanicien agricole, un boulot intéressant aussi, mais l’appel de la route était plus fort. Après avoir fini mes études,et obtenu un BEP comptabilité, et un BEP mécanicien agricole, je rentre dans une concession de matériel agricole, le travail est très intéressant et il y a une bonne ambiance dans la boite. La société se trouve dans une ZI ou il y a la laiterie Valmont juste en face, les transports Bonnevialle ou j’ai pas mal d’amis qui y travaillent, il y a énormément de camions qui viennent charger, donc quand je sors du boulot je reste rêveur devant ces camions qui attendent leur chargement. En décembre 91 je rentre à l’armée, ou je vais passer mes permis, mon service militaire fini, je suis partagé entre l’envie de rouler et reprendre la mécanique, se sera finalement la mécanique, mais je ne me plait pas du tout dans cette nouvelle boite, de toute façon le monde agricole change et c’est de moins en moins mon truc.
En mai 93 je rentre dans une petite boite qui fait un peu de transport, mais son activité principale c’est le négoce d’aliment pour bestiaux, engrais, et matériaux de construction. Le patron est super cool, on est trois chauffeur l’ambiance est bonne. Ma plus grande activité dans cette boite c’est la livraison de lait en poudre dans les élevages de veau en batterie. Le boulot me déplait pas, c’est de la livraison en ferme avec ces galères l’hiver , petites routes enneigées et cours de ferme plus ou moins accessible. Très bonne école pour apprendre. L’été quand il n’y a pas de veau à l’intégration, je charge dans les carrières du sable ou cailloux pour le dépôt ou les maçons, c’est cool comme boulot j’aime bien, mais j’en est marre de tourner en rond, et je cherche autre chose.
Mai 95 je rentre chez Castes menuiserie, c’est du privé, cette usine est spécialisé dans la fabrication de fenêtres (bois alu pvc) et assure elle-même la livraison de ces clients. L’usine compte une cinquantaine d’employés dont trois chauffeurs. Joseph le plus ancien, qui est d’ailleurs là depuis le début, Christian (mon frère spirituel) qui est rentré six mois auparavant. On roule en porteur, se sont des IVECO, deux 340 eurotech tous neuf et un 260 turbotech ancien camion de Joseph que je récupère. On couvre tout le sud de la France, les trois quart de la clientèle sont des artisans, donc on part avec beaucoup de clients et il y a aussi pas mal de manutention. Les camions sont équipés de hayon ça facilite la tache. Les premier temps sont dur, on fait deux ou trois tours par semaine, il faut chercher les clients, il y en a quand on les a trouvé, il faut aller vider sur les chantiers, le soir pas besoin de berceuse pour dormir. Mais il y a une super ambiance dans cette entreprise, entre les chauffeurs, les gars des quais, les nanas et gars des bureaux, les commerciaux , donc ça aide bien à garder le moral. Le PDG Christian Castes et son père, qui est à la retraite mais qui est toujours là, sont des gens exceptionnels, toujours à l’écoute, et font tout ce qui faut pour que les chauffeurs ce sentent bien chez eux. Mr Castes père est un vrai papa poule pour nous d’ailleurs quand il nous appelle au téléphone c’est : « allo Alex, c’est Papy » cet homme est royal, j’ai énormément de respect pour lui. L’usine est en plein essor, un an après deux chauffeurs viennent renforcer les rangs, mais à mon grand regret Christian nous quitte, il a trop mal au dos, il repart à la bétaillère et Laurent le remplace. L’usine progresse toujours, il y a près de 150 employés, en 98 on passe au camion-remorque et notre travail est bien amélioré, ils ont créé leur propre réseau de revendeur donc on livre dans leur dépôt, en 2001 il faut encore ajouter des camions, mais là Christian Castes décide de faire appel à un transporteur, l’usine est devenu très importante c’est normal que cela soit ça priorité. Franck un chauffeur qui a l’attestation a pris un ensemble a son compte, on s’entend super bien, et souvent dans nos discutions il me dit de venir rouler avec lui. Comme mon 420 Eurostar arrive en bout de course, je parle avec Christian pour savoir ce qu’il veut faire, et c’est d’un commun accord que l’on décide que j’irai rouler avec Franck.
Il n’y a pas grand-chose qui change, a part que je ne suis plus en transport privé, a présent après avoir vidé mes fenêtres je recharge du fret.

Un chantier galère dans le 71 lors de la construction d’une maison de retraite
Quand t’es Aveyronnais, tu aimes la neige, ou tu fais avec !
Un tour en Corse
Les copains
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