C'est en été 2005, alors âgé de 19 ans, que ce fera mon premier souvenir sur la route en tant qu'actif dans le monde du travail.
J'ai trouvé une place de "larbin" dans une boite de déménagement, en attendant les résultats de mes examens passés en juin.
Je me retrouve donc en triple équipage, avec deux types fort sympa, qui eux sont en double tout le reste de l'année.
Autant vous dire que j'ai l'impression de déranger, j’empiète sur leurs habitudes de couple!
La majeur partie du boulot consiste à effectuer les déménagements de marins, entre la Bretagne et Toulon.
Premier événement marquant sera de partir à la semaine dans un F2000 en tradi qui n'a qu'une seule couchette, le tout avec deux molosse de 120kgs.
Cette dernière étant bien sur réservée au plus ancien, qu'importe le collègue prendra la caisse du porteur, moi celle de la remorque!
Après tout en plein été on est pas malheureux sur le port de Toulon à dormir dans un hamac! C'est pas Ibiza mais presque...
Puis tombe un tour de Lausanne, qui sera mon premier tour en suisse, ainsi que ma première douane!
Douane qui nous gardera une journée entière d'ailleurs au retour, refusant de nous laisser passer tant qu'elle n'avait pas le détails complet de la marchandise!
Donc nous avons, 12 cuillères, 12 fourchettes, etc etc.... interminable!
L’événement le plus marquant de ce tour sera le mardi soir de cette mi-juillet, après un coup de fil des parents!
Ça y est! je l'ai, je suis diplômé, je suis mécano!
Messieurs ce soir c'est moi qui rince!
Ce sera donc aussi ma première tournée sur la route.
Soirée qui finira par une baignade dans le lac Leman, un tour inoubliable!

Le Lac Leman, coté Suisse.

 

Fin 2008, premier pas en Angleterre...
Je suis à la maison, en attendant que ma 45h se finisse, car à ce moment ne pratiquait pas la 72h chez nous...
J'appelle donc comme chaque lundi au bureau, ou étrangement on me passera le service Angleterre.
Je trouve ça bizarre, et en quelques fractions de secondes passe un paquet de choses dans ma tete...
Ils me veulent quoi?
Mon boss ayant précisé ne pas vouloir faire d'Angleterre car on y fait moins de kilomètres...
Ma première idée sera de faire des ramasses pour eux, mais non ils me le confirment, j'embarque ce soir à Ouistreham!
Arrrrrgghhhhhh! Comment je vais faire?
Il est 14h, je dois être à la boite dans trois heures, j'y ai jamais mis les pieds, j'ai pas une carte, pas un dictionnaire, quedalle!
Je fourre donc ma valise dans le coffre de la voiture, et fonce au supermarché le plus proche pour y faire des courses, et chopper une carte, somme toute approximative, et un dictionnaire!
Je n'oublierai pas les cachets anti-vomitif, en souvenir d'un voyage inter-scolaire plutôt mouvementé quelques années auparavant.
Me voilà donc à 17h, au bureau le sourire aussi crispé que devaient l’être mes fesses ce jour là...
J'effectue donc mes ramasses comme d'habitude, jusque là ça ira.
J'arrive donc deux heures avant le ferry à ouistreham, persuadé d'y trouver un autre Mesguen pour m'expliquer tout le toutim... que neni, woualou, quechi, y'a personne!
Un seul français dans les lignes, un Rosko!
C'est donc avec la plus grande courtoisie et politesse qui puisse orner un jeune homme en détresse, que je me suis permis de l'accoster, et croyez moi je ne regrette pas!
Il demandera au bureau de fret à ce que nous soyons dans la meme cabine, afin de tout m'expliquer dans le détail!
C'est donc après m'avoir montrer le bar ou on peu avoir des cigarettes à petit prix, et le restaurant ou tout le monde se retrouve, qu'il m’emmènera dans la boutique!
Il m'y fera acheter un "Collin's", la rolls des atlas Anglais!
Aussitôt ce dernier en poche il m'expliquera ou se trouve mon client, car oui j'en ai qu'un seul, ils m'ont filé un complet pour le premier tour.
Ce sera Spalding!
Apparemment mon client n'est pas facile à trouver, une ferme en bord de mer, à Holbeach Hurn, j'oublierai jamais!
Qu'importe, il a le temps, pas de géolocalisation, c'est décidé il m’emmène!
Arrivé sur place je ne sais comment le remercier, on se reverra me dit il! Si j'avais su!
Voilà donc quatre ans maintenant que je bosse chez Rosko, et il y est toujours!
Bien sur sans oublier de me charrier, en me rappelant à quel point je faisais "de l'huile" ce jour là...

Je te suis François, je te suis...

 

Joyeux Noël!
Décembre 2011, arrivé chez Rosko il y a moins d'un an, je me porte comme toujours volontaire avec quelques "sans enfants" pour rouler le jour de Noël.
Je ne pensais pourtant pas rouler, le 23 au soir j'embarquais à Plymouth, pour rentrer à la boite le 24 au matin.
Je n'appelle donc personne avant d'embarquer, persuadé qu'il n'y aurait rien, puis si il y avait quelque chose, il serait bien assez tôt le lendemain pour le découvrir...
Mais ça c'était dans ma tête, la réalité fut toute autre...
19h le téléphone sonne, C'est le boss!
Vous êtes trois à partir demain, et toi tu vas en Pologne!
Pardon? heu chef c'est noël demain, pas le premier avril!
Mon chef de l'époque, connu pour son franc parler, me dira clairement qu'il ne déconne pas, mais je cite " tu fermes ta gueule tant que le tour n'est pas fait, sinon ils vont bizarrement tous être d'accord pour rouler à Noël!"
Ben oui chez nous c'est comme partout, c'est le boulot qui fait l'envie, et malheureusement pas l'inverse!
J'ai d'abord refusé, par principe ou par gène je ne sais pas, surement aussi un peu par trouille!
Mais je ne me voyais pas revenir de Pologne le soir du 31, avec même pas un an d’ancienneté dans la boite, alors que le dernier tour remonté à dix ans en arrière...
"T'as pas le choix, et si tu refuses celui là, tu n'iras peut etre jamais"
C'est noté, de toute façon je suis payé pour, donc j'irais.
N'ayant pas encore de camion attitré à ce moment là, je prendrais le plus récent de la boite, un 105XF avec à peine 100.000Kms,pour limiter les risques, et la semi la plus pourrie du parc, dès fois qu'elle reste sur place... le tout à la demande du chef bien sur.
Me voilà donc parti le 25 au matin pour vider du sang congelé sur le port de Boulogne Sur Mer le lendemain matin.
Une fois vide, un lavage express de l’intérieur, et direction les Grandes Ventes pour charger.
C'est qu'il ne s'agit pas de trainer, je dois vider à Maszewo le mercredi 28, et être de retour pour le réveillon du 31...
Lors du chargement il y a une chose qui m'interpelle, les colis sont blancs, sauf sur le dessus, ou ils sont noirs, noir de poussières!
Ça fait apparemment trois ans qu'ils sont là, au frigo, en attente de partir en container, mais l’expéditeur n'a jamais était payé.
Je n'ai jamais compris pourquoi ne pas avoir tout détruit plutôt que de tout rapatrier... Allez savoir...
Qu'importe, ça nous fait bosser, c'est le principal!
Me voilà donc parti, en fin de journée de ce 26 décembre.
Mon choix d’itinéraire se portera sur Belgique, hollande, afin de rattraper Berlin, puis Szczecin...
Ne sachant pas combien de temps cela va me prendre, je prend ma vignettes pour la semaine, soit 32 euros, de toutes façon ma coupure à la montée et a la descente se fera à chaque fois à cheval sur deux journées, donc rien ne sert de s’embêter à la prendre jour par jour.
Le premier jour j'atteindrais tout juste la frontière belges, à bout d'amplitude, soucieux de respecter cette foutue amplitude.
Le lendemain je décolle aux aurore, passe la Belgique et le bas de la hollande, ou j'y ferais ma toll collect sans encombre, le sourire jusqu'aux oreilles...
J’atterris donc en Allemagne, sur une station, déserte en cette semaine de fêtes de fin d'années...
Jour J, nous sommes le 28, je dois vider et recharger sur place, j'ai repéré le client sur gogole avant de partir, ça devrait le faire, l'objectif, revenir jusqu'à Berlin ce soir.
Mais ça ne va pas se passer comme prévu, je trouve tout de même le client de suite, et le vide aussi sec! Un pur bonheur, mais maintenant il faut recharger, et là surprise, il n'y a que six palettes ici.
Le reste est à prendre à Szczecin, sur le port, dans un frigo.
Le client est sympa, me fil un plan et c'est donc 60 bornes plus tard que je me pointe sur la bascule.
Mais le peco c'est pas eux, c'est moi!
Ce sera donc sans appel! PARKING!
Qu'importe, je m'en fou, je suis en Pologne, rien ne gâchera le plaisir.
Comme d'habitude dès mon arrivée j'ai repéré la machine à café, mais qu'elle fut pas ma surprise, en voyant que ces derniers ne sont pas passé à l'Euro...
La prochaine je me renseignerais!
Ce sera donc café soluble pour les sept longues heures d'attente...
Sorti de là, chargé pour un frigo du port du havre au camion vert tant bien connu, je pousse mes heures à fond, et m'échoue une heure avant Berlin, objectif raté!
Ce sera retour samedi!
Le lendemain je ne fais que conduire, et finirais mes heures entre Charleroi et Mons, nous sommes le 29!
Vendredi 30, je sais déjà que je ne rentrerai pas ce soir, je roule donc tranquille en direction du Havre, déjà nostalgique de ce voyage qui ne se reproduira peut être jamais...
Le havre, ou on me demandera ou j'ai chargé à plusieurs reprises, ne comprenant pas qu'un français amène de la marchandise de Pologne.
La fin de cette semaine n'est qu'une formalité, une fois vide, quelques ramasses de chocolat sur Rouen, et un retour à la boite vers 8h le matin du 31...
Trois ans après certains ignorent encore l’existence de ce tour dans ma boite, et je n'en parle jamais, ni au boulot, ni au resto, je passerai surement pour ces fanfaron qui ont "tout vu tout fait", et mon age faisant défaut à ma crédibilité.
Qu'importe, moi je ne l'oublierais pas...

Dernier coupure en Allemagne avant la Pologne!

Polska me voilà!

ça vide plutôt bien, ce sera plus long pour charger